Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Le plan de relance pourrait stimuler la croissance française à hauteur de 1 point de PIB en 2021, essentiellement grâce aux programmes d’investissement et autres dépenses publiques ainsi qu'au dispositif d’activité partielle. Le plan produira aussi des effets durables à moyen-long terme, principalement grâce à la baisse pérenne des impôts de production dont l’impact est en revanche faible à court terme. La mise en oeuvre effective du plan et la qualité des investissements seront essentiels à sa réussite.
• Un plan de relance a priori adapté à l’ampleur du choc subi par l’économie française
L"objectif du plan de relance est double :
1 - soutenir l’économie à court terme (2021-2023), horizon de la programmation de l’essentiel des investissements,
2 - soutenir durablement la croissance à long terme (innovation, baisse de la fiscalité sur les facteurs de production, formation professionnelle).
Il répond ainsi aux effets en deux temps de la crise: une chute brutale du PIB ( fin 2021 le PIB sera encore -5 points sous le niveau attendu sans crise) qui risque de laisser une empreinte durable sur la trajectoire de croissance à moyen-long terme.
• Au-delà des annonces : le principal écueil du plan est son déploiement concret
Le plan est cependant exposé à plusieurs risques qui pourraient limiter son efficacité :
1 - risque de saupoudrage : à côté des grandes mesures structurantes qui représentent environ la moitié du plan, on recense 38 mesures de moins de 1 milliard d’euros chacune pour un montant global de 12,5 milliards d’euros.
2 - risque d’exécution : il s’agit peut-être du principal écueil de ce type de plan comme le montre l'exemple récent des programmes d’investissement d’avenir. Alors que 57 milliards d’euros d’investissements ont été annoncés dans le cadre des PIA depuis 2009, moins de la moitié de cette somme (25,5 milliards d’euros) a été pour l’heure effectivement décaissée.
3 - risque de substitution ou de recyclage d’investissements déjà prévus
4 - risque à moyen long terme associé à la qualité des investissements. L’identification des investissements dont la rentabilité socio-économique est élevée sur la base d'analyses coûts-bénéfices rigoureuses sera clé pour augmenter durablement notre potentiel de production, de même que la capacité de réorienter certains programmes en cas de résultats insuffisants.
• Au-delà des annonces : le montant de 100 milliards d’euros doit être relativisé
Le plan intègre des mesures de soutien à l’économie en 2020 (inclues à hauteur de 5,5 milliards d’euros dans le coût budgétaire de 64,5 milliards d’euros des mesures d’urgence en 2020). Il associe par ailleurs des mesures temporaires (soutiens à l’embauche jusqu’à début 2021, programmes pluriannuels d’investissement…) et des mesures pérennes (baisse de 10 milliards d’euros des impôts de production, curieusement comptabilisée à hauteur de 20 milliards en cumulant son impact budgétaire en 2021 puis en 2022). Certaines mesures enfin n’entraînent a priori pas de coût budgétaire (prêts participatifs, transferts de 5 milliards d’euros aux collectivités locales).
• Un budget de 65 milliards d’euros pour 2020 et de 36 milliards d’euros en 2021
Nous estimons qu'en 2021 une partie des mesures du plan de relance seraient déployées pour un coût pour les finances publiques de 36 milliards d’euros, soit une évaluation proche de celle du gouvernement.
Ces mesures se décomposeraient ainsi : 10 milliards d’euros de baisses d’impôts de production, 11 milliards de dépenses d’investissement public, 7 milliards de soutien au pouvoir d’achat des ménages (activité partielle essentiellement), 2 milliards de baisse du coût du travail (prime à l’embauche, aide à l’apprentissage) et 6 milliards d’autres dépenses publiques (formation, subventions, développement du numérique).
• Le plan de relance devrait soutenir l’activité à hauteur de 1 point de PIB en 2021. Cela signifie que le niveau du PIB serait supérieur de 1 point en 2021 par rapport à un scénario sans plan de relance, le gouvernement attendant pour sa part +1,5 point de PIB. L’effet multiplicateur de court terme serait donc de l’ordre de 0,7 dans notre estimation, contre 1 pour le gouvernement. Les programmes d’investissement, les autres dépenses publiques et le dispositif d’activité partielle représenteraient 90% de cet impact.
• En 2022 et 2023, l’impact sur le niveau du PIB augmenterait à +1,3 point, du fait de la montée en puissance des investissements et autres dépenses. A partir de 2024, avec l’extinction de l’essentiel des flux de dépenses, l’impact du plan diminuerait sensiblement (+0,3 point en 2025), mais la montée en charge des effets de la baisse pérenne des impôts de production prendrait le relais et le niveau du PIB serait augmenté de +0,5 point à horizon 2030 par rapport à un scénario sans plan de relance.
L'impact du plan de relance a de fortes probabilités d'être plus important à long terme car notre évaluation ne tient pas compte de possibles effets durables des programmes d’investissement sur la productivité, et donc sur le PIB.