Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Le constat de ce 13ème bilan annuel de la compétitivité française est à la fois rassurant et préoccupant. Rassurant, car les parts de marché de la France semblent en voie de stabilisation. Préoccupant, parce que le poids de la valeur ajoutée industrielle française en Europe continue de reculer. Or c’est la création de valeur qui détermine les revenus.
La part des exportations françaises de biens et de services en valeur dans les exportations de la zone euro s'établit à 14,3% en 2018. Ce niveau est stable par rapport à 2017, sauf si l'on observe les seuls services qui reculent encore. C'est 3,6 points de part de marché en moins qu'en 2000. D'abord très rapide, le repli français s’était progressivement modéré, avant de s'accentuer de nouveau en 2016-17.
En volume, la part de marché française a légèrement progressé entre 2017 et 2018 (+0,1 point pour les biens, stable pour les services).
Trois grands groupes se sont petit à petit formés à partir de 2000. La France et l’Italie, ont vu le poids de leurs exportations dans celles de la zone euro diminuer nettement (-3,6 points et -2,6 points). L’Espagne a maintenu sa position. Enfin, l’Allemagne et les autres pays de la zone euro ont progressé de respectivement +3,2 points et +2,7 points. Depuis 2016, la part allemande a légèrement baissé (-0,6 point), celle du reste de la zone euro progresse de 0,9 point.
Secteur le plus directement exposé à la concurrence internationale, l’industrie représente près des 3/4 des exportations françaises. Or la France est le pays qui a le plus pâti des importants déplacements de l’activité manufacturière au sein de la zone euro. La part de la valeur ajoutée manufacturière française dans celle de la zone euro a chuté de 4,2 points depuis 2000. L'Italie a perdu 2,4 points. A l'inverse, l'Allemagne a gagné 5,5 points, l'Espagne 0,4 point et le reste de la zone euro 0,7 point.
Si le recul historique de la compétitivité industrielle française ne fait plus débat, les études divergent sur les poids respectifs d'un ensemble de facteurs: prix, coûts salariaux, ou facteurs plus structurels.
Le début des années 2000 a vu les effets des politiques du travail opposées en France et en Allemagne. L’ampleur du choc sur le système productif français s’avère difficile à apprécier car les données sur l’évolution des prix industriels et des coûts salariaux divergent, au moins au début des années 2000. Cette incertitude ne remet pas en cause notre analyse des mécanismes de la perte de compétitivité.
Trois déséquilibres se sont créés: une forte baisse des marges de l’industrie, un recul rapide des parts de marché, un recul relatif de l’industrie française en zone euro. La France est le pays où le nombre d’entreprises et l’emploi industriels ont le plus reculé de 2000 à 2018. Pour faire face, les entreprises ont maintenu l’effort d'investissement et un rythme élevé de substitution du capital au travail.
La dérive relative des coûts français s’est progressivement réduite. La politique de baisse des charges sociales y a contribué de 2013 à 2015. Les résultats de 2018 laissent entrevoir un espoir de stabilisation de notre compétitivité, à un niveau réduit. Pour consolider, voire amorcer la réindustrialisation, la politique de baisse des coûts de production par celle des prélèvements doit être poursuivie.