Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
La réforme des retraites récemment adoptée en France reporte progressivement l'âge d'ouverture des droits de 62 à 64 ans, tout en accélérant l'allongement de la durée de cotisation. Si l'effet sur les dépenses publiques sera notamment limité par la hausse d’autres dépenses sociales, le principal impact positif de la réforme viendra de l'augmentation de l'emploi et du PIB dont l'effet sur les recettes publiques dépasse les seules cotisations d’assurance vieillesse. Pour autant, le déficit du système des retraites ne serait pas résorbé d'ici 2030 ni au-delà.
La France se distingue en Europe par un âge de départ effectif moyen en retraite relativement précoce et un faible taux d’emploi des séniors. La réforme des retraites adoptée en avril 2023 conduit à décaler le début de versement des pensions des futurs retraités (report progressif de l’âge d’ouverture des droits de 62 à 64 ans) tout en accélérant l’allongement à 43 ans de la durée de cotisation prévu par la réforme Touraine (2014). Rexecode a calculé, en partenariat avec François Ecalle et Fipaddict, l'impact potentiel de cette réforme sur les comptes des régimes de retraite et sur les comptes publics.
La réforme génère une baisse des dépenses de retraites, mais celle-ci est très atténuée par les mesures au titre des départs anticipés (en priorité carrières longues, invalidité et inaptitude), de solidarité en faveur des retraités modestes et d’accompagnement vers l’emploi des séniors. Compte tenu de la hausse des dépenses sociales par ailleurs pour les séniors ni en emploi ni à la retraite, l’effet global de la réforme sur les dépenses publiques est limité.
Le principal effet positif attendu de la réforme est la hausse du PIB (+1,1 point) et de l’emploi (+300.000) en 2030, liée à la hausse du taux d'emploi des séniors, qui conduit à des recettes supplémentaires de prélèvements sur le travail et sur l’activité.
Au total, la réforme adoptée permettrait d’améliorer le solde financier du système de retraites de 0,4 point de PIB en 2030. Un déficit du système de retraites demeurerait, compris entre 0,2 et 0,6 point de PIB en 2030, et il persisterait après 2030 sous des hypothèses de croissance de la productivité de 1% et de taux chômage de 7%. En particulier, le régime général resterait déficitaire après 2030 malgré la réforme, alors que les complémentaires privées seraient proches de l’équilibre.
Au-delà du système de retraite, la réforme a aussi un effet positif, plus important, sur le solde public (+0,6 point de PIB en 2030), qui ne suffit pas cependant à résorber durablement le déficit du système de retraites. Par conséquent, la situation des finances publiques resterait contrainte après la réforme.