Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Le rattrapage des pertes des parts de marché accumulées par la France par rapport aux autres pays européens depuis le début des années 2000 n’est pas encore amorcé et le recul de la position française s’est même légèrement accentué en 2017. La traduction en termes de gains de parts de marchés et de réindustrialisation de l'amélioration récente de la compétitivité-coût prendra du temps.
La part des exportations françaises de biens et services dans celles de la zone euro a légèrement reculé en 2017. Elle s’établit en valeur à 12,9%, après 13,2% en 2016. Si la part de marché de la France dans la zone euro était restée à son niveau de 2000 (17,0%), le montant des exportations françaises serait accru de 210 milliards € en 2017.
Le manque à gagner cumulé depuis 2000 atteint désormais de 1.700 milliards €.
Le déficit de la balance des transactions courantes devrait s'élever à 1,1% du PIB en 2017, un niveau historique. La balance des échanges de services s’est en revanche légèrement redressée en 2017 (+0,3 point de PIB), grâce au tourisme, mais sans rattraper les pertes enregistrées depuis 2012.
- Depuis 2012, la progression du coût horaire du travail dans les secteur marchand a été plus modérée en France qu'en zone euro (+5,4% contre +7,1% en zone euro) et en particulier qu'en Allemagne (+11,4%). Si l'on observe le coût salarial unitaire - qui tient compte de la productivité - l'amélioration est également sensible. Dans l'ensemble de l'économie, le CSU a progressé en France au même rythme qu'en zone euro (+1,1%) en 2017, et plus modérément qu’en Allemagne (+1,5%).
- L’écart substantiel accumulé depuis 2000 entre la France et l'Allemagne n'a cependant été réduit que de 25% par le CICE et les réductions de cotisations familiales. Dans l’industrie manufacturière, le CSU baisse en France en 2017 (-0,4%), alors qu’il est stable en zone euro. Les entreprises industrielles françaises ont stabilisé leurs prix à l’exportation en 2017 alors qu'ils augmentent de 1,0% en moyenne en zone euro.
- L’amélioration récente de la compétitivité-coût a contribué au redressement des marges des entreprises, sans enrayer toutefois la contraction de la base industrielle, elle-même fortement liée au recul des parts de marché. La part de la valeur ajoutée manufacturière française dans celle de la zone euro a encore légèrement diminué en 2017, pour atteindre 13,6%. Elle était de 17,3% en 2000.
- La hausse au cours des années 2000 des coûts supportés par l’industrie (coûts salariaux directs, mais aussi ceux des secteurs fournisseurs) a progressivement éliminé les entreprises les moins productives. Les autres ont réduit leurs marges pour maintenir leur compétitivité-prix, au détriment de leur capacité à investir et à monter en gamme. Un cercle vicieux s’est installé : les pertes de parts de marché réduisent les débouchés et le recul relatif de la base industrielle réduit les capacités exportatrices et la variété de l’offre française.
L'édition 2017 de l'enquête auprès des importateurs européens sur leur perception du positionnement des produits français par rapport à leurs principaux concurrents confirme ce diagnostic : la qualité des biens d’équipement et des biens intermédiaires français est jugée moyenne, voire médiocre, par rapport au prix de vente.