Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Compte tenu de l'impact de la crise sanitaire sur les perspectives de croissance, les projections 2020-2030 d’émissions de gaz à effet de serre sont revues en baisse pour le monde, l’Union européenne et la France. Grâce à l’impact supplémentaire du plan de relance, la France pourrait atteindre en 2030 un niveau d'émissions proche de son objectif. Le poids de la France dans les émissions mondiales est cependant marginal et ces dernières continueront de s'éloigner des objectifs de l'accord de Paris.
Nos prévisions d’émissions de gaz à effet de serre (GES) reposent sur un ensemble d'hypothèses qui paraissent raisonnables, et notamment :
- Les perspectives de croissance, sensiblement plus basses qu'avant la crise sanitaire, entrainent une révision à la baisse des perspectives d’émissions, soit pour la France -29 millions de tonnes de CO2 à horizon 2030.
- La tendance historique à une légère diminution de l’intensité énergétique du PIB d'une part et de l’intensité en gaz à effet de serre de l’énergie primaire consommée d'autre part, est prolongée au même rythme jusqu’en 2030.
- L’impact supplémentaire attendu du plan de relance en France prend en compte l'intégralité des mesures dont l’objet principal est de réduire les GES et leur maintien durant la décennie 2020-2030. Il serait de -12 millions de tonnes de CO2 en 2030.
- Les émissions mondiales de gaz à effet de serre augmenteraient encore pour atteindre 55,6 milliards de tonnes de CO2en 2030, soit +13% par rapport 2019 au lieu de la baisse de 30% nécessaire pour atteindre l'objectif de l’Accord de Paris (35 milliards de tonnes).
- Les émissions de l’Union européenne diminueraient à 2.717 millions de tonnes de CO2 en 2030 mais dépasseraient encore de 24% l’objectif fixé par le Conseil européen à 2.186 millions de tonnes (soit -55% par rapport à 1990).
- Les émissions françaises de gaz à effet de serre baisseraient à 315 millions de tonnes de CO2 en 2030, un chiffre proche de l’objectif de la Stratégie Nationale Bas Carbone, fixé à 310 millions de tonnes dans le décret du 23 avril 2020.
- Les efforts français ont un impact marginal sur la trajectoire des émissions mondiales. Le poids des émissions de la France dans les émissions mondiales diminuerait de 0,9% à 0,6% en 2030. La baisse attendue des émissions françaises ne réduirait le niveau des émissions mondiales que de 2 pour 1000 en 2030 .
- Si les émissions françaises baissent, l’empreinte carbone de la France augmente en raison des émissions importées par le biais des GES émis lors de la production et du transport des marchandises produites à l'étranger et consommées en France.
- La baisse des émissions de la France est en partie liée à la désindustrialisation relative de son territoire. Les secteurs de l'industrie manufacturière et de la transformation de l’énergie ont contribué à 92% de la baisse des émissions de 1990 à 2019, ce qui ne peut s'expliquer par les seuls efforts d’adaptation des entreprises. Sur ce point, la question de la compétitivité et des mécanismes d’ajustements aux frontières et du contenu en carbone de nos importations est centrale.
- La France doit s’engager dans la construction d’une véritable "politique de l’offre" pour le climat. Une part importante de nos investissements devra viser le renforcement de nos capacités d’innovations technologiques et industrielles, non seulement pour assurer une production bas-carbone en France, mais aussi pour exporter ce savoir-faire.