La France a perdu des parts de marché à l’exportation depuis 2000, la concurrence croissante des pays émergents étant la principale cause de ce recul. Mais la France a plus perdu que les autres pays de la zone euro. L’Insee a modélisé les exportations françaises par grandes zones géographiques (Union européenne et pays tiers) pour analyser les déterminants de cette contre-performance.

La balance commerciale de la France s’est nettement érodée entre 2000 et 2010 (de –0,6 à –2,7 point de PIB) et ne s’est qu’à peine redressée depuis lors. Cette érosion s’expliquerait d’abord selon l’Insee par des pertes de parts de marché des exportations. La France a subi davantage de pertes que d’autres économies avancées, avec une chute des performances à l’exportation de -25% entre 2000 et 2010 et une quasi-stabilisation de 2011 à 2015.

La première cause du recul des positions françaises est la part croissante des économies émergentes, notamment de la Chine, dans les exportations mondiales. Selon l'Insee "deux mouvements se conjuguent":
• une perte sur chacun des grands marchés (zone euro, reste de l’Union européenne, reste du monde) ;
• un effet de structure : la région vers laquelle la France est naturellement plus tournée, la zone euro, est aussi la région la moins dynamique.

L'Insee souligne également que si l’économie française a moins pris part que le reste de la zone euro au processus de fragmentation des chaînes de production (favorable aux échanges mondiaux), cela n’a eu qu’un effet marginal sur ses pertes de part de marché.

Selon la modélisation des exportations réalisée par l'Insee, la baisse des parts de marché résulte davantage de mauvaises performances à l’exportation sur les différents marchés que d’une mauvaise orientation géographique.

• Pour les ventes à destination de l’UE, la baisse de performance à l’exportation de la France entre 2000 et 2010 provient surtout du poids croissant des pays émergents et d’un coût salarial plus dynamique en France que dans le reste de l'Europe. Depuis 2011 la légère amélioration des exportations françaises résulterait d’une légère baisse des coûts du travail et de la dépréciation de l’euro.
• Pour les ventes vers les pays tiers, les principaux déterminants de la baisse de performance entre 2000 et 2015 sont la hausse de la part des émergents et le taux de change effectif réel de l’euro.

A l’horizon de mi-2017, "les contributions du change et du coût du travail seraient encore légèrement favorables". Les exportations françaises pourraient selon l’Insee rester soutenues vers le marché européen et "rebondiraient nettement" à destination du reste du monde.

Pourquoi les exportateurs français ont-ils perdu des parts de marché ? INSEE, note de conjoncture, Bertrand Marc et Bruno Palier, 15 décembre 2016