Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Le vieillissement de la population s’accélère depuis dix ans dans les économies avancées. Selon le FMI, l’importante baisse de la population active attendue dans les trois prochaines décennies ne serait freinée que grâce à une progression considérable de la participation des travailleurs âgés. En l’absence de mesures spécifiques, ce déclin coûterait 3 points de croissance potentielle d’ici 2050.
Dans ses dernières Perspectives, le FMI constate que les taux de participation au marché du travail divergent selon les pays, et plus encore selon les groupes de travailleurs, alors que l'accélération du vieillissement de la population concerne presque toutes les économies avancées depuis 10 ans.
Ainsi, dans la moitié des pays avancés, le taux de participation a augmenté sur cette période. Sur 30 ans cette progression est particulièrement nette en Allemagne, en Corée, au Pays-Bas, ou en Espagne. La participation des femmes d'âge "très actif" (25-45 ans) a considérablement augmenté depuis le milieu des années 80 et celle des travailleurs âgés depuis le milieu des année 90, tandis qu'elle décline chez les jeunes et chez les hommes de 25-45 ans depuis 35 ans.
• Le FMI analyse les rôles respectifs de la dynamique démographique, des facteurs comportementaux et cycliques dans l'évolution de l'offre de main d'oeuvre.
Cette analyse permet d'identifier les politiques et les institutions les mieux à même de soutenir la participation à l'emploi et d'estimer ensuite dans quelle mesure elles pourraient atténuer à l'avenir les conséquences économiques du vieillissement de la population.
- Le vieillissement de la population et les conséquences durables de la crise financière peuvent expliquer une part importante du déclin de la participation des hommes.
- Les politiques et les institutions du marché du travail, ainsi que les changements structurels et les progrès en matière d'éducation, expliquent quant à eux l'augmentation du taux d'activité des femmes et des travailleurs âgés.
- Les progrès technologiques tels que l'automatisation, ont joué un rôle plus modeste mais réel en excluant certains travailleurs du marché de l'emploi.
• Le FMI réalise des projections à 30 ans de la participation au marché du travail selon divers scénarios
Selon ces projections par cohortes, le déclin de la participation concernerait les 17 pays avancés étudiés, avec des taux de participation oscillant autour de 50% ou moins en Belgique, en France, en Italie, au Portugal et en Espagne.
Dans le scénario central, en l'absence de politiques spécifiques, le taux médian de participation diminuerait de 5,5 points d'ici 2050. Un tel déclin représenterait une perte de 3 points de pourcentage de croissance potentielle d'ici 2050, pour une économie avancée "typique" où la part du travail dans le revenu est de 56% (moyenne 2017 du groupe Etats-Unis, Japon, Allemagne, Italie, Espagne).
A titre d'illustration, des scénarios alternatifs montrent (1) qu'une convergence entre les taux d'activité des femmes et des hommes de 25-45 ans élèverait le taux de participation de 2,5 points en 2050 ; (2) qu'une plus grande participation des séniors (55-59 et 60-64 ans) augmenterait le taux de participation de 2,75 points. Enfin, un troisième scénario montre que la mise en oeuvre des "meilleures pratiques" (en matière d'éducation et d'incitations au travail ciblant certains groupes par exemple) permettrait d'augmenter le taux de participation de 1,25 point par rapport au scénario central.
Ainsi, même si des politiques optimales peuvent limiter l'incidence du vieillissement de la population sur l'activité, la diminution du taux de participation dans les pays avancés parait inéluctable. A défaut de gains de productivité importants, de nombreux pays devront aussi revoir leur politique migratoire pour accroître leurs ressources en main d'oeuvre.
Labor Force Participation in Advanced Economies : Drivers and Prospects
FMI, Perspectives économiques mondiales, chapitre 2, avril 2018