Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
La France accuse "un retard important" dans le domaine de l'innovation pharmaceutique, selon le Conseil d'analyse économique, qui préconise d'augmenter l’investissement public dans la recherche fondamentale et d'améliorer les instruments d’incitation à l'innovation.
L’industrie pharmaceutique a fait face ces dernières années à des changements majeurs. Aux côtés des grandes entreprises établies dans l’industrie chimique (les big pharma) ont émergé des start-up et des petites entreprises (comme BioNTech ou Moderna) spécialisées dans les biotechnologies et la génomique. Bien que les grandes entreprises du secteur maintiennent des activités de recherche et assure un financement "capital", l’essentiel de la recherche se développe désormais de manière collaborative, les "biotechs" y tenant un rôle prédominant.
Or "la France accuse un retard important" dans ce nouveau paysage de l'innovation pharmaceutique, estime le CAE, notamment du fait de l’insuffisance des financements publics alloués à la recherche et à l’écosystème d’innovations.
• Le budget public total alloué à la recherche stagne (voire ralentit légèrement) à des niveaux faibles en comparaison des autres pays européens. L’Allemagne consacre 3% de son PIB à la recherche, la France à peine plus de 2% en 2018.
• Les financements publics alloués à la recherche en biologie-santé se réduisent depuis une décennie. Ils représentaient 18% des crédits publics en R&D (hors CIR) en 2018, soit deux fois moins qu’en Allemagne. Ils ont diminué de 28% entre 2011 et 2018, alors qu’ils ont augmenté de +11% en Allemagne et +16% au Royaume-Uni sur la même période.
• Le bilan de la France est "mitigé" en termes d’évolution de l’attractivité et de l’impact international de ses universités dans le domaine de la santé.
• En termes de brevets (pour les médicaments ou les vaccins), la France a aussi accumulé "beaucoup de retard" depuis le milieu des années 1990. De plus le principe du brevet reste un "élément essentiel de l'écosystème de l'innovation", mais sa rigidité "n'est pas toujours adaptée", avec des effets d’aubaine parfois contre-productifs pour l’innovation, ou l’absence de prise en compte du degré d’innovation des médicaments.
• La régulation des prix des produits pharmaceutiques doit être repensée. Outre les effets négatifs imprévus de la règlementation (aboutissant par exemple à l’utilisation de "remises secrètes"), l’estimation de la valeur d’un médicament, certes difficile lors de l’introduction sur le marché, pourrait être améliorée au cours du temps en fonction de l’évolution de la connaissance sur ses données cliniques.
Pour "combler le retard français", le CAE propose une série de recommandations : renforcer les collaborations entre universités et start-up, simplifier la procédure d'autorisation des médicaments en mettant en place un interlocuteur unique, réserver les financements publics aux essais cliniques avec des normes élevées de preuve scientifique, permettre l’évolution des règles de fixation des prix, et permettre, au niveau européen, l'élaboration de contrats dont la durée de l'exclusivité commerciale varie en fonction du degré d'innovation du médicament.
Enfin, le CAE souligne que l'exploitation des données représente "un enjeu de santé publique majeur", et que la France dispose d'un patrimoine de données de grande qualité. Il encourage un partage des données au niveau européen et à poursuivre l'ouverture des données au niveau national.
Synthèse réalisée par la Documentation de Rexecode, pour accéder au document cliquez sur le lien ci-dessous.
Innovation pharmaceutique : comment combler le retard français ?
Conseil d’Analyse Economique - Margaret KYLE, Anne PERROT, Note N°62, janvier 2021
Voir aussi :
Le cycle de vie de l’innovation pharmaceutique : le retard français
Conseil d'Analyse Economique - Ariane ALLA, Jean BEUVE, Baptiste SAVATIER, Focus N°53, janvier 2021
La note présente un panorama de la position de la France sur le cycle de vie de l’innovation pharmaceutique, de sa genèse jusqu’à son exportation, qui montre que dans le secteur la France est en perte de vitesse. En effet les bouleversements à l'oeuvre dans l’industrie pharmaceutique ces dernières décennies (dont l’arrivée des biotechnologies) peinent à émerger en France, où la recherche en amont est sous-investie. La production en aval reste centrée sur d’anciennes molécules de faible valeur ajoutée, et subit la concurrence des pays exportateurs à bas coût.
Coronavirus vaccines: expect delays
Economist Intelligence Unit, 27 janvier 2021
L'EIU estime que la majeure partie de la population adulte des économies avancées aura été vaccinée d'ici la mi-2022. Cependant, ce calendrier s'étend jusqu'au début de 2023 pour de nombreux pays à revenu intermédiaire et jusqu'en 2024 pour les économies les plus pauvres. L'EIU examine les problèmes clés associés à la vaccination contre le Covid-19, des obstacles de production à la diplomatie des vaccins.
The risks and challenges of the global COVID-19-vaccine rollout
McKinsey &Company, 26 janvier 2021
Evaluation des enjeux et des efforts logistiques à mettre en oeuvre pour administrer des milliards de doses de vaccins contre le COVID-19 à la population mondiale et atteindre ainsi l'ère postpandémique.