Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
L'analyse du surplus distribuable traite de la manière dont sont partagés les fruits de la croissance. Selon la Direction du Trésor, le surplus distribuable, structurellement en baisse depuis le début des années 1990, a été principalement consacré à l’augmentation de la rémunération du travail. Tandis que la rémunération du capital a absorbé le choc de la crise financière.
Le surplus distribuable est la part de la croissance du PIB disponible pour améliorer la rémunération du travail et du capital : il est réparti entre les salariés et les non-salariés, via des évolutions des rémunérations horaires, et les détenteurs du capital, via des évolutions de la rémunération du capital.
Le surplus distribuable a fortement diminué en moyenne en France depuis 1980. Après avoir représenté 1,7 point de PIB dans les années 1980, il atteint depuis 2009 une moyenne annuelle de 0,4 point de PIB. Peu affecté sur longue période par les variations des termes de l’échange (essentiellement prix des importations d’énergie et change), il a structurellement diminué à cause du ralentissement de la productivité, passée de 1,7 point de PIB en moyenne sur la période 1980-1992 à 0,2 sur la période 2009-2015.
Depuis les années 1990, l'essentiel du surplus distribuable a été consacré à l'augmentation de la rémunération horaire du travail. En effet, selon la Direction du trésor, suite à un choc affectant l'activité, le surplus est abaissé à court terme puisque l'emploi ne s'ajuste que progressivement. "Du fait de la rigidité des salaires et des prix, c'est alors la rémunération du capital qui absorbe ce choc".
Ce phénomène a été particulièrement important entre 2008 et 2013. La part du surplus distribué au capital a subi une baisse "très forte en 2009" (plus forte que lors des creux conjoncturels précédents) et cette baisse s'est poursuivie de 2011 à 2013. Toutefois elle "n'est pas nécessairement problématique" et doit être mise en perspective selon les auteurs avec la baisse du coût du capital, due notamment à l'importante diminution des taux d’intérêt depuis 2008.
Le partage de la valeur ajoutée entre le capital et le travail reflète également l'évolution du volume de capital relativement au volume de travail. Depuis la crise de 2008-2009, la part de la rémunération du travail dans le PIB a augmenté (+2,6% de 2008 à 2015) et la part de la rémunération du capital dans la valeur ajoutée a baissé (de 2,8%). Sachant que le stock de capital a cru (de 1,4% en moyenne entre 2008 et 2015), la Direction du Trésor conclut que "c'est bien la rémunération unitaire du capital qui a absorbé le choc de cette crise financière".
Composition et répartition du surplus distribuable en France depuis la crise - Direction générale du Trésor, Anne-Sophie DUFERNEZ, Laura LE SAUX, Trésor Eco N°189, janvier 2017