En analysant les performances des entreprises françaises en France et à l’étranger, l’Insee conclut qu’il existe un lien faible entre les ventes sur le marché domestique et à l’exportation. Le dynamisme du marché intérieur n’expliquerait pas les pertes de parts de marché à l’exportation.

La performance commerciale française s’est dégradée fortement à l’exportation (-4% du PIB depuis 15 ans), mais modérément sur le marché domestique. L’Insee construit deux indicateurs qui rendent compte des gains ou des pertes de marché sur ces deux marchés afin de déterminer s'ils sont liés. L’indicateur sur les marchés à l’exportation rapporte les ventes à l’étranger à la demande adressée à la France, l’indicateur sur le marché domestique correspond à la part du PIB servie par la production domestique.

L’évolution comparée des deux indicateurs depuis 1999 ne montre pas d'interaction significative entre les ventes à l’exportation et celles sur le marché domestique :

• Les performances de l’économie française sur les marchés tiers reculent au cours des quinze dernières années, surtout sur la période 2002-2008. Corrigé de la tendance commune aux pays avancés, le recul serait environ deux fois moindre.

• Les performances sur le marché intérieur reculent également mais dans une moindre ampleur. L’indicateur affiche une baisse mesurée, voire une quasi-stabilité lorsqu’il est corrigé du développement du commerce international sur la période.

• Il existe un lien faible, à court ou à moyen terme, entre performances intérieure et extérieure.

L’examen des entreprises exportatrices françaises confirme ce diagnostic, avec cependant des différences selon la taille de l’entreprise : ventes domestiques et à l’exportation sont davantage complémentaires pour les petites et moyennes entreprises, à cause de contraintes de liquidités et de production. Pour les grandes entreprises, les deux marchés "seraient compartimentés".

Comment expliquer les pertes de parts de marché de la France à l'export ? Il n’y aurait pas eu selon l’Insee de substitution, du fait du dynamisme de la demande intérieure, entre ventes domestiques et à l’étranger. Selon les auteurs, le recul de la performance à l’exportation peut provenir d’une intensification de la concurrence internationale, notamment des pays émergents. Il peut également être lié aux stratégies des entreprises qui privilégieraient le marché intérieur où leurs marges sont plus fortes (en raison notamment de moindres coûts de transports ou de logistique), voire se sont retirées de marchés extérieurs où leur rentabilité devenait insuffisante en raison de la hausse des coûts de production.

Performances comparées des entreprises françaises sur le marché domestique et à l’étranger – INSEE, José Bardaji, Jean-Charles Bricongne, Benoît Campagne, Guillaume Gaulier. L’économie française : comptes et dossiers - Rapport sur les comptes de la Nation - Insee Références, édition 2015, 12 juin 2015

Voir aussi : Quand exporter aide à vendre chez soi – CEPII, Nicolas Berman, Antoine Berthou, Jérôme Héricourt, Lettre du Cepii N°354, juin 2015