Focus
Perspectives économiques à court terme
La Banque de France révise à la baisse ses prévisions de croissance économique pour la France, jugeant qu’elle est pénalisée par l’attentisme au niveau national et par les incertitudes liées notamment à la hausse potentielle des droits de douane américains sur les produits européens. La Banque de France estime toutefois que l’impact de telles mesures tarifaires serait moindre pour la France que pour l’UE dans son ensemble, les exportations françaises de biens étant moins exposées au marché américain. L'OCDE a aussi revue légèrement en baisse ses prévisions ce 17 mars.
Selon la Banque de France, la croissance économique française ralentirait sur l’ensemble de l’année 2025, mais resterait positive avec une moyenne annuelle du PIB prévue à 0,7% (après 1,1% en 2024), avant d’augmenter en 2026 (+1,2%) et 2027 (+1,3%). Ces progressions, "voisines du rythme potentiel de moyen terme", sont revues légèrement à la baisse par rapport aux prévisions de décembre (+0,9% en 2025 et +1,3% en 2026). L’activité serait notamment pénalisée par le regain d’incertitude au niveau international et la persistance de l’attentisme face à la situation nationale.
Le scénario macroéconomique de ces projections intermédiaires prend en compte l’effort budgétaire prévu dans la loi de finances pour 2025. Il intègre aussi le relèvement de 10% des droits de douane américains sur les importations en provenance de Chine, ainsi que les mesures de rétorsions chinoises. Il n’intègre pas le relèvement potentiel des droits de douane sur les produits du Mexique et du Canada (suspendu jusqu’au 2 avril), ou de l’Union européenne (UE), ni les discussions récentes sur l’augmentation des dépenses militaires en Europe.
La Banque de France estime que la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine n’aurait "qu’un faible impact sur la France". Mais les autres mesures évoquées par l’administration Trump, notamment les mesures tarifaires transitoires ou durables sur les produits européens, affectent indirectement la projection par l’incertitude qu’elles génèrent, et dont l’impact est estimé à -0,1 point de PIB en France pour 2025.
A titre illustratif, La Banque de France estime, à l’aide du modèle multi-pays ECB-Global, qu’une hausse de 25% des droits de douane sur les importations américaines en provenance de l’UE pourrait diminuer le PIB de la zone euro à hauteur de –0,3% environ au bout de 1 à 2 ans. Cette estimation, "très incertaine", inclut l’impact direct de la hausse des droits de douane et les effets indirects liés au ralentissement économique américain et mondial. Surtout, souligne la Banque de France, l’impact sur l’inflation et le PIB européens dépendrait d’une potentielle appréciation du dollar face à l’euro et d’une éventuelle réponse européenne.
L’impact sur l’économie française serait "qualitativement semblable mais quantitativement plus faible", l’exposition des exportations françaises de biens au marché américain (1,7% du PIB français) étant inférieure d’environ 40% à celle de la moyenne européenne (2,8% du PIB de l’UE).
Synthèse par la Doc de Rexecode, accès au document ci-dessous.
> Projections macroéconomiques intermédiaires
Banque de France, 12 mars 2025
Dernière minute
L'OCDE révise aussi légèrement à la baisse sa prévision de croissance pour le monde et la plupart des économies en 2025 dans ses perspectives intérimaires de mars par rapport à l'exercice de décembre dernier. La croissance du PIB mondial devrait se modérer et revenir de 3.2% en 2024 à 3.1% en 2025 et 3.0 % en 2026, sur fond d’augmentation des obstacles aux échanges dans plusieurs économies du G20 et d’aggravation des incertitudes. Dans la zone euro, la croissance du PIB réel, toujours atone, devrait s’établir à 1.0 % en 2025 et 1.2 % en 2026 (0,8% puis 1,0% en France).
> Garder le cap dans l'incertitude
Perspectives économiques de l'OCDE, Rapport intermédiaire, 17 mars 2025
Voir aussi
Selon la Cnuced, le commerce mondial a connu "une expansion record" (+3,7%) en 2024 dont 60% dans les services, mais il a nettement ralenti en fin d'année. Au 4ème trimestre les échanges de services n'ont progressé que de +1% (9% sur l'année 2024), et les biens de +0,5% (2% sur l'année). Le commerce de biens est confronté à l'incertitude, l’évolution des politiques commerciales remodelant les flux (diversification des chaînes d’approvisionnement, réduction des dépendances, montée du protectionnisme, politiques industrielles et subventions).
En 2024, les déséquilibres commerciaux globaux se sont accentués. Le déficit commercial des États-Unis s'est creusé (vis-à-vis de la Chine et de l'UE), l'excédent commercial de la Chine a atteint son plus haut niveau depuis 2022, tandis que l'UE est redevenue excédentaire. "Ces tendances pourraient donner lieu à de nouveaux droits de douane, à des restrictions ou à des réorientations d'investissements, ce qui ajouterait à l'incertitude économique". Dans ce contexte, la Cnuced fait aussi le point sur les tarifs douaniers.
> Global Trade Update
Cnuced, Policy insights: The role of tariffs in international trade - Facts and figures: Global trade remains strong but uncertainty looms in 2025, 14 mars 2025
Repères de politique économique
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Synthèse conjoncturelle hebdo
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