Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Les remarquables performances économiques de l'Allemagne font du "modèle allemand", basé sur la compétitivité des entreprises et la maîtrise des comptes publics, une référence. Ce modèle comprend cependant des points de fragilité auxquels s'ajoute le défi démographique.
Le modèle allemand, fondé après guerre sur l'économie sociale de marché, place les entreprises au cœur de la stratégie économique et de l'intégration sociale. La croissance économique et le niveau de la consommation dépendent de leur compétitivité. Celle-ci reste un moyen et n'est pas une fin en soi. Le Mittelstand, tissu d'entreprises compétitives de taille moyenne et tournées vers des stratégies de long terme, est l'incarnation de ce modèle.
Au début des années 2000, l'Allemagne, "homme malade" de l'Europe, doit absorber le choc de la réunification. Pragmatiques, les autorités allemandes ont alors adopté de nombreuses mesures : lois Hartz sur le marché du travail (2003-2005), réforme de l'assurance-maladie en 2003, introduction d'une TVA sociale en 2007. Des accords de compétitivité ont été conclus au sein des entreprises, entraînant une politique de modération salariale, conditionnée le plus souvent par le maintien de l'emploi et le renoncement à des plans de délocalisation. Ces mesures ont permis de restaurer, voire de renforcer les atouts structurels de l'économie allemande ; elles ont aussi accentué les fragilités inhérentes au "modèle allemand".
La croissance allemande repose principalement sur la capacité à exporter du secteur industriel et sur l'investissement productif des entreprises. Le ralentissement conjoncturel en cours s'explique en partie par l'affaiblissement de la demande des pays européens, principaux clients de l'Allemagne (60% des exportations). Les anticipations négatives en termes d'exportations pèsent aussi fortement sur les décisions d'investissement des chefs d'entreprise. L'investissement en biens d'équipement des entreprises s'est contracté de plus de 7% depuis un an. Un affaiblissement durable de la croissance en Europe pourrait ainsi avoir un effet négatif sur la croissance potentielle.
Le "modèle allemand" se caractérise par la faiblesse de la demande des ménages. Celle-ci s'explique notamment par la déformation de la répartition des gains de productivité au profit des entreprises, à l'origine de la modération salariale des années 2000. La consommation est également pénalisée par le niveau élevé du taux d'épargne. Cependant, la consommation des ménages en Allemagne progresse désormais plus vivement qu'au début des années 2000 et qu'en France. Le niveau de consommation par tête est redevenu significativement supérieur à celui de la France.
Les réformes menées sur le front de l'emploi ont conduit à une dualité du marché du travail selon que les emplois sont soumis ou non à cotisations sociales. Elles ont permis de réinsérer sur le marché du travail des personnes auparavant sans emploi. Mais il reste désormais à assurer leur transition d'un emploi précaire vers un emploi durable. Par ailleurs, la loi Hartz IV, qui a durci le régime d'indemnisation des demandeurs d'emploi, a contribué à augmenter le risque de pauvreté. Ainsi, 70,3% des chômeurs sont pauvres en Allemagne, contre 33,5% en France. En revanche, les taux de pauvreté au travail sont identiques de chaque côté du Rhin, avant transferts fiscaux et sociaux. Après redistribution, ils divergent en défaveur de l'Allemagne.
Le principal défi auquel l'économie allemande est d'ores et déjà confrontée est celui de la démographie. La rareté relative de la main d'œuvre qualifiée, notamment dans les secteurs les plus exportateurs, qui permet d'expliquer la forte rétention de main d'œuvre pendant la récession, devrait s'amplifier à plus long terme. D'ici à 2050, la population active se contracterait d'un tiers. En 2060, l'Allemagne comptera 1,5 personne de 20-64 ans pour une personne de 65 ans ou plus. Ces évolutions peuvent remettre en cause la pérennité des régimes sociaux. Entre 2010 et 2060 les dépenses de pensions de retraite devraient augmenter plus vite en Allemagne (+2,6 points de PIB ) qu'en France (+0,5 point). Pour surmonter cette dynamique démographique défavorable, l'Allemagne devra mener une politique d'immigration soutenue. Ce n'est pas encore le cas.
L'article complet est disponible sur le site de La Tribune : "Allemagne : un modèle à l'origine de ses propres fragilités" (5/12/2012)
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Enquête Trésorerie, Investissement et Croissance des PME
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