Focus
Perspectives économiques à moyen terme
Le paysage des émissions mondiales de gaz à effet de serre a drastiquement changé depuis 1990. La part du trio Europe, Etats-Unis et Chine a nettement baissé, tandis que le reste du monde est lancé sur une dynamique inquiétante pour le climat mondial. Sans une rupture franche de tendance, les émissions mondiales augmenteraient d’environ 11% d’ici 2050 alors que les scénarios du GIEC compatibles avec un réchauffement limité à 1,5°C ou 2°C nécessitent leur baisse drastique. Face à ce défi, les politiques de décarbonation doivent désormais se penser à l'échelle globale.
La lutte contre le changement climatique impose une réduction rapide des émissions au niveau mondial. Les scénarios du GIEC compatibles avec l’objectif d'un réchauffement du climat limité à 1,5°C par rapport à l'ère pré industrielle nécessitent une baisse des émissions mondiales de CO2 de l’ordre de 60% au minimum d'ici 2050.
Parmi les trois grandes zones que sont l’Union européenne, les Etats-Unis et la Chine, l’Europe est celle qui a amorcé une baisse de ses émissions le plus tôt. Les émissions y ont baissé d’environ 40% depuis leur pic en 1979. Les États-Unis ont aussi enclenché une baisse mais plus tardivement. Les émissions sont en baisse de 18% depuis leur pic de 2007. Une incertitude forte pèse d’ailleurs sur la prolongation de ce rythme du fait des annonces de D. Trump dans le domaine énergétique. En Chine, les émissions ne baissent pas et dépassent même en cumul celles de l’UE depuis le début de l’ère industrielle. Mais la Chine voit le pic de ses émissions se profiler alors que sa croissance ralentit et que la dynamique récente de sa transition énergétique se poursuit.
Mais le paysage des émissions mondiales a drastiquement changé. En 1990, Europe et Etats-Unis représentaient près de 35% du flux mondial d’émissions annuelles, ce chiffre est aujourd’hui tombé à 19%. Les émissions de la Chine sont dans le même temps passées de 12% à 30% des flux annuels. Mais c’est le reste du monde, où le rythme d’augmentation ne fléchit pas, qui représente aujourd’hui la dynamique la plus inquiétante pour le climat mondial. Sans rupture franche des tendances engagées, l’écart avec les trajectoires 1,5°C et 2°C du GIEC ne fera que se creuser.
Malgré les progrès notables de l’UE et les inflexions observées aux États-Unis et attendues en Chine, la somme des trajectoires actuelles ne permet absolument pas de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, ni même à 2°C, par rapport aux niveaux préindustriels.
Les émissions mondiales de GES pourraient encore augmenter d’environ 11% d’ici 2050* par rapport à leur niveau actuel du fait de la hausse des émissions dans le reste du monde. Or, les scénarios du GIEC compatibles avec l’objectif de 1,5°C nécessitent une baisse drastique, de l’ordre de 60% au minimum, sur la même période. L’écart entre les émissions atteintes par la prolongation des tendances et l’ambition affichée est immense et continue de se creuser.
Le défi commun est donc une accélération sans précédent de la décarbonation à l’échelle globale, impliquant des efforts démultipliés dans toutes les régions et une coopération internationale renforcée.
Développer et exporter une offre industrielle et technologique dans le domaine de l’adaptation représente donc, pour l’Europe et la France, une autre voie stratégique pour renforcer sa compétitivité, créer de la valeur et des emplois, en complémentarité indispensable des efforts de décarbonation.
* Projections Rexecode, se reporter à la note pour les questions de méthode