La transition énergie-climat de la France s’inscrit dans un cadre mondial et européen visant la "neutralité carbone" en 2050 pour limiter le réchauffement climatique. Selon nos prévisions, au rythme actuel, la France n'atteindra pas la cible de zéro émissions nettes en 2050, ni leur réduction de 55% en 2030. La baisse de l'empreinte carbone de la France est également trop lente. Pour gagner en efficacité, les politiques publiques de décarbonation devraient se fonder sur l'optimisation du coût de la tonne de CO2 évitée et s'insérer dans une stratégie économique et industrielle globale.

Emissions et empreinte carbone: des progrès insuffisants pour atteindre les objectifs 2030 et 2050

La politique énergie-climat de la France vise la neutralité carbone en 2050 et la réduction de l’empreinte carbone de la consommation, importations comprises. Les émissions sur le  territoire français ont baissé de 31% depuis 1990, et l’empreinte carbone de 26% depuis 2008. Cette baisse significative n’est cependant pas suffisante pour tenir les objectifs fixés.

Selon nos prévisions*, basées sur les perspectives macroéconomiques Rexecode, les émissions territoriales nettes de la France s'élèveraient à 328 MtCO2e en 2030 au lieu des 235 MtCO2e attendues, avec un point de passage à -55% à cette date. L'objectif de zéro émissions nettes ne serait pas atteint en 2050, avec des émissions nettes de 157 MtCO2e.

La prévision d’évolution de l’empreinte carbone est plus incertaine, soumise à la fois aux comportements de consommation et aux progrès dans la décarbonation de nos partenaires commerciaux.  Si sa décroissance observée depuis 2008 se poursuivait au même rythme, l'empreinte carbone française baisserait de 50% entre 2023 et 2050. A comparer à la réduction de -60% à -90% des émissions mondiales en 2050 recommandée par le GIEC.

Insérer les politiques de décarbonation dans une stratégie économique globale

Pour accélérer, un premier levier consiste à améliorer l’efficacité globale des politiques publiques. Aujourd’hui, plus de 200 politiques et mesures de décarbonation existent, mais leur dispersion et leur faible insertion dans une stratégie économique d’ensemble limitent leur impact. Les dispositifs pourraient être optimisés pour réduire plus fortement les émissions de gaz à effet de serre par euro dépensé, ou réduire autant les émissions pour un coût plus faible.

Concentrer les efforts là où l’impact climatique sera maximal pour chaque euro déployé et compléter cette stratégie en favorisant l’innovation et la compétitivité

Un levier complémentaire à activer consiste à favoriser les investissements dans l’innovation et le déploiement des technologies bas-carbone, et à mobiliser fortement l’avantage de notre mix électrique faiblement carboné. Les politiques en place privilégient l’adoption de solutions de décarbonation et la baisse des émissions domestiques, sans les assortir dans une ampleur suffisante de politiques encourageant la production de solutions de décarbonation, une réindustrialisation verte, et donc la baisse de notre empreinte.

L’optimisation des coûts par tonne de CO2 évitée combinée à une politique d’innovation et de déploiement industriel proactive permettrait de mieux concilier décarbonation de la France, du monde, et croissance économique.

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* L’hypothèse retenue est celle d’une poursuite tendancielle de l’amélioration de l’intensité énergétique du PIB et de la réduction de l’intensité carbone de l’énergie consommée en France.