Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
La présentation du Projet de Loi de Finances 2024 donne lieu à une comparaison des hypothèses de croissance gouvernementales avec celles des principaux organismes réalisant des prévisions économiques pour la France. D’importants écarts apparaissent, comme c’est fréquemment le cas. L'écart à la réalité sera mesurable début 2025, avec la première estimation par l'Insee du PIB pour 2024. D'ici là, nous portons un regard rétrospectif sur 23 exercices de prévision effectués depuis 2000. L'anticipation du mouvement conjoncturel et l'existence d'un biais pessimiste ou optimiste sont aussi examinés.
L’Insee a publié le 31 janvier 2023 la première estimation du PIB en France pour 2022, avec une croissance annuelle estimée à +2,6%. Les Perspectives présentées aux adhérents de Rexecode en septembre 2021 anticipaient une croissance de 3,5%, soit un écart de 0,9 point.
Cette évaluation "post mortem" des prévisions peut être étendue dans le temps et à d'autres organismes. Nous avons ainsi calculé l’écart entre les prévisions des principaux instituts établies à l’automne (1) pour la croissance en France durant l’année à venir et la première estimation du PIB publiée par l’Insee une fois l’année écoulée (fin janvier). Ce calcul a été réalisé sur une vingtaine d'années d’exercice de prévision afin d’obtenir un score moyen pour chaque institut.
Rexecode figure dans le trio de tête des meilleures prévisions,
qu’elles soient évaluées par l’écart à la réalisation
ou par la capacité à anticiper les mouvements de conjoncture.
1- Ecart moyen en point de pourcentage entre la prévision et la croissance constatée. L’écart est calculé en valeur absolue sur la période 2000 à 2022
Rexecode et l’OCDE obtiennent le meilleur score, avec un écart entre la prévision et la 1ère estimation de 1,03 en moyenne sur 23 ans. Vient ensuite la Société Générale.
Sans surprise, la principale erreur d’anticipation est intervenue en 2019 pour la croissance de 2020, marquée par l’irruption de la pandémie de Covid-19. Les instituts ont alors effectué une erreur moyenne de prévision de 9,5 points (Rexecode=9,5).
En retranchant l’année 2020, l’erreur moyenne de prévision de Rexecode est de 0,65 point, soit la deuxième position après l’OCDE (erreur moyenne de 0,64 point sur la période 2000-2022 hors 2020).
Par ailleurs, si l’écart de la prévision est mesuré par rapport à l'estimation définitive de la croissance du PIB publiée par l'Insee dans les comptes nationaux trois ans après que l’année soit échue, le classement n’est pas modifié, l’erreur moyenne de Rexecode sur la période 2000-2022 (hors 2020) baisse à 0,62 point.
2- Ecart moyen en point de pourcentage entre la prévision et la croissance constatée. L’écart est calculé en valeur absolue sur la période 2015 à 2022
Si on observe une période plus courte (depuis 2015), Rexecode obtient le deuxième meilleur score avec une erreur moyenne de prévision de la croissance française de 1,50 point, derrière la Société Générale.
En retranchant l’année 2020, l’erreur moyenne de prévision de Rexecode est de 0,36 point, ce qui place Rexecode en tête des instituts.
3- Anticipation des mouvements de conjoncture sur la période 2000 à 2022
Au-delà de l’écart entre le taux de croissance prévu et mesuré, nous avons également vérifié si le mouvement conjoncturel, autrement dit les accélérations ou les ralentissements de la croissance d'une année sur l'autre ont été correctement anticipés par les prévisionnistes.
Le meilleur score est obtenu par Rexecode, la Société Générale et l’OCDE qui ont anticipé correctement le mouvement de la conjoncture française à 17 reprises sur 23 depuis 2000.
4- Anticipation du mouvement conjoncturel sur la période 2015 à 2022
Sur une période plus brève, le meilleur score revient à Rexecode et au BIPE qui ont anticipé correctement le mouvement de la conjoncture française à 6 reprises sur 8 depuis 2015.
5- Nombre d'erreurs de prévision (sur 23 exercices de prévision) à la hausse et à la baisse
Pour l’ensemble des instituts, les prévisions se sont avérées en grande majorité trop optimistes. En tête des "optimistes" : le Gouvernement, puis l’OCDE, l’OFCE et la Commission européenne, dont les trois-quarts des prévisions se sont avérées supérieures à la réalisation.
Rexecode a été trop optimiste sur la croissance à 15 reprises sur 23 exercices et trop pessimiste à 7 reprises. Sa prévision s’est révélée correcte à la décimale près une seule fois.
(1) Notes :
- Calcul Rexecode depuis les documents remis lors des réunions du groupe technique de la Commission Economique de la Nation puis depuis le Consensus Forecast d'octobre ou de novembre selon les prévisions disponibles. Seules les institutions rendant leur prévision publique depuis le début du siècle sont incluses.
- Nous prenons en compte la prévision de croissance pour l'année n réalisée en septembre de l'année n-1. Dans le cas de l'OCDE, pour la période allant de 1999 à 2007, il s'agissait de la prévision réalisée en décembre de n-1 pour l'année n. Dans le cas de la Commission européenne, la prévision est publiée début novembre chaque année.
- Nous confrontons cette prévision avec la première estimation de la croissance annuelle de l'année n disponible fin janvier de l'année n+1 et effectuons la moyenne des erreurs de prévision sur la période. Les erreurs sont exprimées en valeur absolue de manière à ce que les erreurs par excès ne soient pas compensées par des erreurs de sous-anticipation.
- Tableaux 3 et 4: retenir la même prévision de croissance pour l'année n-1 et pour l'année n est considéré comme un défaut d'anticipation.