Dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances pour 2025, la Commission des Finances du Sénat a souhaité recueillir les analyses d'économistes sur les perspectives de l'économie française et des finances publiques. Olivier Redoulès, directeur des Etudes de Rexecode a notamment souligné que le PLF2025 privilégie des mesures d'ajustement relativement indolores à court terme pour la croissance et le pouvoir d’achat, mais pénalisantes à moyen terme pour les capacités de production de la France.

Olivier Redoulès participait le 23 octobre 2024 à l'audition commune d'économistes sur les perspectives de l’économie française et la situation des finances publiques devant la Commission des Finances du Sénat.

La France est sur une trajectoire de croissance faible. Elle se situe dans la moyenne de la zone euro, cette dernière étant tirée vers le bas par l'Allemagne, mais la plupart des autres pays font mieux. Le diagnostic de Rexecode est que l'économie française est proche de son potentiel de croissance, hors consolidation budgétaire (avec 6% de déficit), estimé autour de 1,1% en 2024.

 

En 2024, la demande a été essentiellement portée par le secteur public. L'investissement des entreprises, qui se situait en France au même niveau que celui des Etats-Unis, s'en écarte par le bas depuis mi-2023.  Plus récemment, l'incertitude politique a eu un effet négatif sur les intentions d'investissement et d’embauche, comme le montre l'enquête Rexecode/Bpi France auprès des PME et TPE de septembre dernier. 

Sur le plan budgétaire, l'ajustement annoncé par le Gouvernement dans son projet initial de 60 Mds€ pour 2025 doit être vu comme un écart à la tendance. Les 40 Mds€ de baisse de dépenses sont ainsi à comparer à une tendance hypothétique très dynamique. Selon Rexecode, l'effort structurel de réduction du déficit est plutôt de 45 Mds€, dont 27 Mds€ en recettes et 18Mds€ sur les dépenses hors charge de la dette.  

On sait peu de chose des baisses de dépenses qui devraient porter pour un tiers sur le social (retraites et santé) et l’Etat, pour un tiers sur les collectivités territoriales, et pour un tiers sur des mesures non connues le jour du débat. Les hausses de prélèvements obligatoires font porter l'effort principalement sur les entreprises (à hauteur de 70% ), notamment sur le coût du travail.

La composition de l’ajustement budgétaire privilégie des mesures relativement indolores à court terme, au regard des montants envisagés, pour la croissance et le pouvoir d’achat. En ponctionnant la rémunération des facteurs de production, ces mesures pénaliseraient les capacités productives de la France à moyen terme, alors que celles-ci constituent in fine la condition de soutenabilité des finances publiques. 

Budget 2025 : qu'en pensent les économistes?
Commission des Finances du Sénat, 23 octobre 2024

Audition de :
- Anne-Laure Delatte, directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), rattachée à l'université Paris Dauphine-PSL, 
- Olivier Redoulès, directeur des études de l'Institut Rexecode, 
- Natacha Valla, présidente du Conseil national de productivité (CNP).

Le compte-rendu de cette séance d'auditions sera disponible prochainement sur le site du Sénat.