Focus
Perspectives économiques à court terme
En 2024, la balance des échanges extérieurs de la France est revenue à sa marque légèrement déficitaire d'avant Covid mais, depuis 2019, sa structure a changé: le déficit sur les biens s’est creusé tandis que l’excédent des services a doublé. Les parts de marché françaises à l'exportation au sein de la zone euro ne se sont quant à elles pas redressées. Alors que la position de la France en matière d'emploi et de production dans l'industrie en zone euro est maintenant stabilisée, le tassement des indicateurs d’attractivité doit alerter sur la solidité des acquis récents en matière de réindustrialisation.
Après un record en 2022, le déficit commercial de la France s’était fortement réduit en 2023, du fait principalement de la baisse de la facture énergétique. Le bilan de l'année 2024 laisse entrevoir un retour à l’équilibre de la balance des échanges de biens et services. Le solde des échanges extérieurs, encore légèrement négatif, est revenu à son niveau de 2019, avant la pandémie de Covid-19. Mais la structure des échanges s’est modifiée.
Depuis 2019, le déficit sur les biens s’est creusé, et pas seulement sur l’énergie, tandis que l’excédent dégagé par les services s’est amélioré. Avec le tassement de la consommation et de l'investissement privés, les importations ont nettement ralenti depuis mi-2022 et leur part dans le PIB a légèrement diminué. A l’inverse, les exportations ont progressé au même rythme que l’activité, sans pour autant jouer un rôle moteur pour la croissance française.
Les indicateurs d’attractivité de la France confirment en 2024 le tassement amorcé en 2023 après plusieurs années d'amélioration. Mais, après près de deux décennies de déclin, la position de la France semble désormais bien stabilisée s'agissant de production et d'emploi manufacturiers sur son territoire.
• Le déficit des échanges de biens et services de la France s’est réduit en 2024 à 10,5 milliards d’euros, soit -0,4 point de PIB selon les données de balance des paiements (-0,8 point de PIB en comptabilité nationale): c’est un retour vers l’équilibre pré-Covid.
• La France est le seul grand pays européen dont la balance extérieure est déficitaire. La zone euro dans son ensemble affiche un excédent de près de 4,5 points de PIB.
• L'excédent sur les échanges de services tutoie les 50 milliards d’euros, plus du double de son niveau d’avant-Covid. Il est porté par la hausse des soldes d’échanges de services financiers et de services aux entreprises.
• Le déficit commercial (biens) s’est réduit de 19 milliards d’euros entre 2023 et 2024 (FAB/FAB). Il dépasse encore de près d’un tiers le déficit de 2019, à cause de l’alourdissement de la facture énergétique mais pas seulement. Le solde des échanges de biens manufacturés s'est dégradé, notamment celui des matériels de transports dont le déficit s'est creusé de près de 10 milliards d’euros.
• L’amélioration des échanges résulte de la hausse des exportations mais aussi de la baisse des importations. La facture énergétique s'est allégée. La demande privée en France, notamment de l’investissement des ménages et des entreprises, et le faible dynamisme de la consommation en biens des ménages.
• La France continue de perdre du terrain sur les exportations en biens et services. Leur part dans celles de l’ensemble des pays de la zone euro se situe environ 1 point en dessous de sa marque pré-Covid et se stabilise aux alentours de 13%. Cela suffit à maintenir la place des exportations dans la demande adressée à l’économie française, si bien que sur la période 2019-2024, les exportations ne constituent ni un frein, ni un accélérateur de croissance.
• La part des importations dans le PIB a légèrement baissé depuis 2019, sous l’effet de leur fort ralentissement depuis 2022. La part des importations dans les ressources mobilisées par l’économie française est ainsi en léger retrait par rapport à 2019, alors qu'elle avait tendance a progresser depuis des décennies.
• L'amélioration de la position compétitive de la France se fait donc davantage sur le marché domestique qu’à l’exportation. Cela reflète, d'une part, la dégradation de la compétitivité-prix des produits français, et d'autre part, la réduction des coûts de production en France, sous l’effet de la baisse de la fiscalité de production. Le positionnement de la France dans la production et l’emploi industriels européens semble désormais stabilisé à son niveau de 2019. La tendance à la désindustrialisation à l’œuvre depuis le début des années 2000 en France semble bien interrompue.
• Le tassement des indicateurs d’attractivité doit néanmoins alerter sur la solidité des acquis récents en matière de réindustrialisation. Certaines mesures du Budget 2025 remettent en question l’effort d’alignement des prélèvements sur l’industrie vers la moyenne européenne. L’accentuation de la surfiscalité pesant déjà sur le travail qualifié, la suspension de la baisse de la CVAE et la surtaxe d’impôt sur les sociétés sont autant de signaux négatifs. Ils augmentent le poids des prélèvements obligatoires en France alors qu'il est déjà bien plus élevé que dans les autres pays de la zone euro.
Documents de travail
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Repères de politique économique