Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Fragilisé par la poussée des crédits douteux et les actifs immobiliers toxiques, le secteur bancaire espagnol inquiète les investisseurs. Plus de 50 milliards d’euros seraient nécessaires pour recapitaliser l’ensemble du secteur. Or, les conditions de financement de l'Etat espagnol sur le marché se détériorent rapidement.
Les inquiétudes concernant la solidité du système bancaire espagnol s’accroissent. Les crédits douteux continuent de grimper. Ils atteignent en mars 8,4 % du total de l’encours des crédits. Ceci vient fragiliser davantage les bilans bancaires, déjà lestés par les actifs immobiliers toxiques.
Fin 2011, 184 milliards d’euros d’actifs "problématiques" liés au crédit promoteur étaient encore présents dans le bilan des banques (sur un total de 307 milliards). Un audit a même été commandé à deux cabinets indépendants afin d’apprécier l’ampleur des actifs "à risque" encore présents dans les bilans bancaires.
Dans ce contexte, une nouvelle réforme du système bancaire espagnol a été annoncée par le gouvernement le 11 mai dernier. Elle prévoit notamment l’augmentation des provisions destinées à couvrir les actifs "problématiques" liés au crédit promoteur, ainsi que ceux risquant de le devenir, ce qui permettrait de couvrir 45 % du crédit promoteur d’ici la fin de l’année. Par ailleurs, les actifs immobiliers seront désormais séparés du reste du bilan du système bancaire pour être placés dans des agences de gestion spécialisées, une sorte de "bad bank".
Malgré cette nouvelle réforme, les inquiétudes concernant le système bancaire espagnol demeurent, d’autant plus qu’une recapitalisation générale du secteur se confirme. Le gouvernement a d’ailleurs été contraint de nationaliser Bankia, la quatrième banque du pays en termes de capitalisation boursière. Au total, plus de 50 milliards d’euros seraient nécessaires pour recapitaliser l’ensemble du secteur bancaire, soit près de 5% du PIB.
L’opération apparaît pourtant délicate, alors que les conditions de marché se détériorent rapidement. Le rendement à 10 ans des obligations de l’Etat espagnoles est ressorti vendredi à 6,6% contre 4,6 % en début d’année. Le « spread » avec le Bund allemand s’affichait à 542 points de base, après avoir dépassé 550 points de base la veille, un record.