L’année 2009 avait été marquée par la plus faible progression annuelle des prix (+0.1 % pour l’indice d’ensemble des prix à la consommation) observée depuis plus de cinquante ans. Après la stabilité des prix de 2009, l’annonce d’une hausse des prix à un rythme de 1,6 % sur un an au mois de mars souligne-t-elle que l’inflation s’installe à nouveau progressivement ? La réponse à cette question nécessite de décortiquer la dynamique récente des prix.

Des hausses de prix liées à des facteurs "exogènes"...

La progression de l’indice des prix à la consommation relève avant tout de choix de prix administrés (tabac) et de phénomènes «exogènes » à l’économie française. Ces derniers tiennent à des aléas climatiques ou à la vigueur de la reprise mondiale qui tire à la hausse les cours de la plupart des matières premières.
La hausse des prix à la consommation s’explique en premier lieu par la répercussion de la hausse des cours du baril (+62 % sur un an quand ils sont exprimés en euros) sur les prix des produits énergétiques. Ces derniers progressent de 9,9 % sur un an. A eux seuls, ils expliquent 45,6 % de la hausse de prix à la consommation observée alors qu’ils n’entrent qu’à hauteur de 7,3 % dans la composition du panier de biens servant de référence au calcul de l’indice. Ensuite, les prix des produits alimentaires frais progressent de 5,5 % sur un an, contribuant à plus 6,8 % à la hausse des prix observée. Enfin, les prix du tabac progressent de 6 % sur un an.

... mais pas de dynamique inflationniste

Les prix des produits manufacturés reculent sur un an. En progressant de 1,7 % sur un an en mars, les prix des services consommés par les ménages affichent la plus faible hausse observée depuis le début de la décennie 2000. Le ralentissement de la hausse des salaires nominaux (1,9 % sur un an pour le salaire mensuel de base) comme la persistante faible utilisation des capacités de production dans l’industrie sont autant d’éléments bridant l’entrée dans un cercle inflationniste.

D’origine essentiellement extérieure, cette hausse de prix occasionne ainsi un prélèvement sur le pouvoir d’achat sur l’ensemble de l’économie et non une redistribution entre les acteurs de l’économie. Surtout, elle n’est aucunement une manifestation d’un retour prématuré de l’inflation.