Les chiffres disponibles pour le 1er trimestre 2016 montrent que l'emploi se redresse en France à un rythme inédit depuis 2011, quoique plus modéré que dans l'ensemble de la zone euro. Mais contrairement à l'ensemble de la zone et à ses principaux partenaires, la France continue de perdre des emplois dans l'industrie.

Le redressement de l’emploi est réel en France
mais un peu plus timide que dans l’ensemble de la zone euro

L’économie française affiche depuis quelques trimestres une progression des effectifs employés. Les créations nettes d’emplois ont repris à un rythme inédit depuis 2011 : elles progressent de +0,7% en glissement sur un an avec +197.000 emplois sur un an au 1er trimestre 2016. Cette évolution demeure toutefois inférieure à celle de ses principaux partenaires européens (+1,3% en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni, +3,2% en Espagne).

Une inertie de l'emploi à la hausse comme à la baisse

Ce décalage s'explique notamment par l’inertie de l’emploi en France relativement à la zone euro, dans les phases de hausses comme de baisse des effectifs employés. En France, l’emploi total a ainsi dépassé son niveau d’avant-crise dès le début de l’année 2013 et le dépasse à présent de près de 450 000 postes. Tandis que la zone euro dans son ensemble doit encore créer 1,7 million d’emplois pour retrouver le point haut atteint de 2008.

Ce constat vaut notamment pour l’Espagne où, malgré une croissance de l’emploi total de 3,2% sur un an au 1er trimestre 2016 par rapport au 1er trimestre 2015 (+578.000 postes), le niveau d’emploi reste inférieur de 2.860.000 postes par rapport à son précédent point haut. D'autres membres de la zone euro ont au contraire compensé dès 2010 la baisse de l’emploi total consécutive à la crise. C'est notamment le cas de l’Allemagne dont les effectifs employés début 2016 dépassent de 2,7 millions ceux employés huit ans plus tôt (+6,5%).

Le taux d'emploi en France est stable et inférieur au niveau moyen en zone euro

L’économie française diverge de celle de la zone euro au regard la mobilisation de la population en âge de travailler. La proportion de personnes en emploi dans la population en âge de travailler, soit le taux d'emploi est de 63,8% en France au 4ème trimestre 2015. Il est stable et inférieur au niveau moyen en zone euro (64,7%) lequel a gagné 0,7 point en un an. Comparativement à l’Allemagne, où le taux d’emploi atteint 74,1%, la France est en retrait de plus de 10 points.

L’écart de la France avec la zone euro reste marqué sur les deux catégories d’âge extrême. La France est en retrait par rapport à la moyenne de la zone pour les seniors (55-64 ans), le taux d’emploi pour cette classe d’âge étant de 53,7% en zone euro (+1,4 point sur un an) contre 48,8% en France (+1,0 point sur un an) au 4ème trimestre 2015. Pour les 15-24 ans, le taux d’emploi est stable en zone euro (30,8%) comme en France (27,9%).

En France les créations nettes d’emplois se concentrent sur les secteurs de services,
l'emploi industriel reste en repli

Au sein de la zone euro, tous les grands secteurs d’activité contribuent aux créations nettes d’emplois, à l’exception de la construction dont les effectifs reculent de 33.000 emplois sur un an au 1er trimestre 2016. Sur un an, les créations d'emplois dans l'industrie atteignent +154.000 emplois en zone euro, +17.000 en Allemagne, +54.000 en Italie, +55.000 en Espagne.

En France sur la même période, les créations nettes d’emplois se concentrent sur les services : +192.000 emplois sur un an dans le secteur principalement marchand et +62.000 dans le secteur principalement non-marchand. Par contre, les pertes nettes d’emplois se poursuivent dans l’industrie et la construction (-32.000 et -29.000 respectivement). L’emploi industriel poursuit donc son repli en France, à rebours de la zone euro.