Les chefs d'entreprise du secteur industriel ont révisé à la baisse leurs anticipations d'évolution de dépenses d'investissement. L'investissement se modèrerait sans se contracter, mais reste sous la menace d'un durcissement accru des conditions du crédit.

Dans l'industrie manufacturière, les chefs d'entreprise prévoient une progression de leurs dépenses d'investissement de 4% pour 2012 par rapport à 2011. L'enquête sur les investissements dans l'industrie a souvent été sujette à des révisions de grande ampleur au cours d'une année. Les indications fournies en octobre d'une année n pour une année n+1 restent donc très fragiles.

Octobre 2011 n'est pas octobre 2008
A ce jour, ce n'est pas un recul de l'investissement industriel qui est anticipé, mais une modération de sa croissance. Lors de la précédente phase de stress financier aigu d'octobre 2008, les industriels avaient déclaré anticiper une contraction de 3 % de leurs dépenses d'investissement en valeur. Celle-ci avait finalement été de 21 %.

Le détail de l'enquête apporte des observations intéressantes sur la conjoncture générale de l'économie française :

  • La progression de l'investissement industriel en 2011 paraît vive (+11 %). Elle reste toutefois insuffisante pour compenser la baisse de 21 % intervenue en 2009 (+1 % en 2010). De plus, la part des investissements motivés par un objectif d'expansion des capacités de production est à son étiage de 13 % (contre 16 % en moyenne sur longue période). Cette observation suggère que la contraction des capacités de production industrielle installées sur le territoire se poursuit. Ce mouvement est à mettre en relation avec le faible niveau de l'excédent brut d'exploitation de l'industrie dont le montant en 2010 était inférieur de 43 % à son niveau de 2000.

Une modération des dépenses d'investissement des entreprises paraît s'opérer également dans les activités de services. Le solde des opinions des chefs d'entreprise de ce secteur sur l'évolution prévue de leurs investissements a quelque peu rechuté en octobre dernier. Cette observation est à relier à une chute des opinions sur l'évolution prévue de l'activité qui a été beaucoup plus marquée dans les activités de services que dans l'industrie au cours des deux derniers mois.

Au total, toutes ces observations suggèrent que l'investissement des entreprises se modère sans se contracter pour l'heure. Il reste sous la menace d'un durcissement accru des conditions du crédit. La dépense d'investissement des entreprises avait été l'un des moteurs du retour à la croissance de l'économie française à partir de la mi-2009. Ce moteur perd en régime sans caler jusqu'à présent.