Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
La crise a révélé le caractère "artificiel" de la convergence amorcée au sein de l'Union monétaire européenne sur fond de déséquilibres fondamentaux. Depuis, les niveaux de vie divergent à nouveau, générant des disparités qui, selon nos prévisions, semblent s’installer de façon durable au sein de la zone euro.
Notre étude Faiblesses et atouts de la France dans la zone euro (mars 2012) montraient les lignes de fracture entre territoires nationaux tant sur le plan de la compétitivité que de celui des coûts, des déficits et dettes publics, de la désindustrialisation et du chômage. Nous constatons aujourd'hui que disparités et divergences sont toujours fortes au sein de la zone euro même si la correction de certains déséquilibres est amorcée.
Le solde extérieur courant a été ramené vers l’équilibre dans certains pays, mais ce rééquilibrage s’opère surtout par une contraction de la demande interne. Si cet ajustement "par le bas" atténue à court terme le risque sur le financement des économies en crise, la soutenabilité à moyen terme de ce rééquilibrage dépendra surtout de la portée des réformes structurelles et de leur impact sur la compétitivité.
Si un rapprochement paraît amorcé en termes de coûts de la main d’œuvre, ce n’est pas le cas, ou insuffisamment, pour le coût du capital dont les écarts restent élevés. Les conditions de financement des entreprises entre les différents pays de la zone euro ainsi que la fiscalité sur les sociétés restent très disparates. La fiscalité française diverge même un peu plus de la moyenne européenne.
Les niveaux de vie des pays de la zone euro tendent à diverger depuis la crise et des disparités semblent s’installer de façon durable. Selon nos prévisions, en 2017, le PIB par habitant en Grèce et au Portugal sera 50% inférieur à celui de la moyenne de la zone euro, celui de l'Espagne de 23%, de l'Italie de 17%, tandis que le PIB par habitant de l’Allemagne dépassera la moyenne de 21%. Illustration la plus frappante des divergences en cours, les forts écarts de taux de chômage devraient également persister.
Le défi de la reconvergence reste à gagner.