Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Rebond, convalescence, reprise, notre scénario présenté en avril dernier semble se confirmer : les perspectives d’évolution de l’activité se sont améliorées et la fin de la récession ne fait désormais plus guère de doute. Un rebond d'activité s'est amorcé dans plusieurs zones mais ce n’est pas encore le signal d’une vraie reprise économique. Celle-ci se manifestera lorsque le désendettement sera suffisant pour libérer les comportements d’investissement des entreprises et des ménages. Nous n’en sommes pas encore là.
Notre prévision centrale retient pour la France un taux de croissance du PIB en volume de 2,2 % en 2010 après une contraction de 2 % en 2009. Le taux de croissance du PIB de l’économie mondiale serait de 3,5 % en 2010 après - 1,1 % en 2009. Aux Etats-Unis, le PIB en volume progresserait de 2,5 % après une contraction de même ampleur en 2009. L’inflation resterait faible mais reviendrait en 2010 vers une tendance de l’ordre de 1,5 % (moyenne annuelle pour la France)
1. La récession économique mondiale est terminée
Les signes de stabilisation de l’économie mondiale apparus au printemps dernier se sont renforcés au cours des derniers mois. La normalisation sur les marchés financiers se poursuit. Les tensions sur les marchés interbancaires s’atténuent et les primes de risque sur les obligations des entreprises se sont réduites. La production industrielle mondiale et les échanges internationaux ont retrouvé des rythmes positifs. Les indices de climat des affaires s’améliorent nettement.
2. Une sortie de crise en trois temps
Les indicateurs conjoncturels récents valident le scénario de fin de récession à la mi-année que nous avions présenté en avril dernier (voir document de travail n°7, avril 2009). Nous confirmons donc notre vision d’une sortie de crise en trois temps : un rebond temporaire dans la deuxième partie de 2009 et au début 2010, une « convalescence » de deux à trois ans (le temps du désendettement) et enfin seulement par la suite une vraie reprise économique, c’est-à-dire le retour à un taux de croissance supérieur à sa tendance longue.
3. Un rebond de la croissance à court terme
Le rebond d’activité, que nous anticipions, est bien amorcé. Il s’explique par la fin du déstockage (qui nécessite un ajustement à la hausse de la production) et par les politiques économiques mises en ouvre en réaction à la crise financière d’il y a un an. L’effet simultané des forces de rebond pourrait même conduire temporairement à des rythmes de croissance assez élevés au cours des deux ou trois trimestres à venir. Le rythme d’accroissement du PIB pourrait atteindre un rythme de 3 à 4 % (en rythme annualisé) aux Etats-Unis comme dans la zone euro et en France à la fin de cette année ou au début 2010.
4. Le moment d’une vraie reprise économique est encore incertain
Certains freins à la croissance demeurent toutefois. Le rebond de l’activité qui se profile n’est pas encore le signal d’une vraie reprise économique. Les ménages américains comme européens ont relevé leur taux d’épargne mais leur niveau d’endettement est toujours élevé. Les Etats devront rétablir l’équilibre de leurs comptes. Les entreprises non financières se sont efforcées de résister à la contraction du chiffre d’affaires en limitant leurs coûts et en réduisant l’investissement, mais les ratios financiers (dette/valeur ajoutée ou dette/EBE) ont encore augmenté. Une reprise durable ne pourra s’engager que lorsque le désendettement sera suffisant pour libérer les comportements d’investissement des entreprises et des ménages. Nous n’en sommes pas encore là. La croissance, temporairement vigoureuse jusqu’au printemps 2010, reviendra à un rythme plus modeste en deuxième partie d’année 2010. Les politiques structurelles (grand emprunt, politique industrielle) et l’engagement des banques à soutenir le crédit aux entreprises peuvent contribuer à limiter ce ralentissement. En France comme dans la plupart des économies de l’OCDE, le rebond d’activité permettrait de stabiliser l’emploi mais pas encore de réduire le niveau du chômage. Une politique active de l’emploi restera nécessaire.