Des évolutions importantes ont marqué le secteur des télécommunications durant les dernières décennies : ouverture à la concurrence, essor du mobile et de l’Internet, phénomène de convergence numérique. La forte croissance de la demande de contenus audiovisuels sur Internet va rendre nécessaires de nouveaux investissements dans les réseaux d’accès fixe (fibre optique), dans le très haut débit mobile et les coeurs de réseaux. Alors que le chiffre d’affaires global du secteur des télécommunications stagne depuis cinq ans, les investissements nécessaires au déploiement des nouvelles infrastructures ne pourront être réalisés que si de nouveaux relais de croissance sont identifiés et exploités.

Des dynamiques industrielles sont à l’oeuvre dans l’écosystème numérique

On peut classer les entreprises du secteur de l'économie numétique en plusieurs couches selon leur activité d’origine. Une première regroupe les entreprises qui produisent les éléments de réseaux et les terminaux, comme Nokia, Cisco ou Ericsson. La deuxième regroupe les opérateurs de réseaux, tels Orange ou Telefonica. La troisième regroupe les entreprises fournissant des services d’intermédiation sur Internet (Google, Amazon). Enfin, la quatrième couche regroupe les entreprises qui produisent et éditent les contenus audiovisuels (Canal+, Time Warner). Les opérateurs de réseaux créent et gèrent les actifs cruciaux pour le fonctionnement du secteur numérique.

Les revenus et les besoins d’investissements futurs ne se situent pas dans les mêmes couches

L'observation de plusieurs ratios financiers sur un échantillon de 347 entreprises du secteur de l'économie numérique montre que les entreprises offrant des services d'intermédiation sur Internet réalisent les taux de marge et les taux de retour sur investissement les plus élevés, alors que les opérateurs de réseaux réalisent l'effort d'investissement le plus important. Les perspectives de revenus ne sont pas là où les besoins d'investissements sont les plus importants.

marges dans le secteur de l'économie numérique

Une régulation favorable aux investissements en fibre est nécessaire

L’Europe et particulièrement la France accusent un retard par rapport au Japon, à la Corée et aux Etats-Unis en matière de déploiement de réseaux de fibre optique. Or ce déploiement de la fibre est un facteur de croissance économique par la diffusion de gains de productivité résultant de l’intensification des usages notamment par les entreprises.

La régulation actuelle du secteur des télécommunications qui contraint les opérateurs historiques à proposer un tarif d’accès à leurs réseaux orienté vers les coûts a contribué au développement de la concurrence sur les services. Il était pertinent d’appliquer ce type de régulation asymétrique à une infrastructure initialement construite lorsque l’opérateur historique était en situation de monopole. Dans le cas de la fibre optique, la situation est différente : une régulation plus symétrique est nécessaire pour inciter tous les opérateurs privés à investir dans le déploiement de la fibre. L’investissement public doit, quant à lui, se focaliser sur les zones peu denses.