Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Ce document de travail présente notre analyse des hypothèses économiques et des mesures du projet de loi de finances pour 2021, ainsi que nos propositions pour un renforcement de la relance. Le plan de relance stimulera la croissance française à hauteur de 1 point de PIB en 2021 et produira un effet durable à moyen-long terme, principalement grâce à la baisse des impôts de production. On peut cependant aller plus loin sur ce dernier point, comme sur celui du financement des entreprises.
Avec un recul du PIB de -10% en 2020 puis un rebond de 8% en 2021, la prévision gouvernementale est proche de nos dernières perspectives (-9% en 2020 et +7% en 2021). Etablies début septembre, elles intégraient une persistance de l'épidémie de Covid-19, mais pas au niveau constaté depuis, et donc pas de nouvelles mesures restrictives. Nous ne les remettons pas en cause à ce stade, mais les risques d'une révision à la baisse sont réels. On peut pour l'heure estimer le seul impact direct des mesures de couvre-feu adoptée le 17 octobre à 0,1 point de PIB, soit 0,4 point de croissance en moins au 4e trimestre.
De fortes divergences existent entre les prévisionnistes sur les perspectives d’emploi. Selon le Gouvernement, aux fortes pertes de 2020 ( -920 000 emplois, -710.000 selon nos prévisions) succèderaient des créations nettes (+435 000) en 2021, nous anticipons que le recul de l'emploi se poursuivra (-57 000) l'an prochain.
Au-delà de 2021, le rythme tendanciel de la croissance sera probablement affaibli par rapport aux tendances antérieures. Cela renforce la légitimité des mesures de soutien de la croissance potentielle déjà prises (baisse des cotisations sociales, réforme de la fiscalité du capital, lois travail) ainsi que l’orientation des mesures du PLF.
Le gouvernement a mis en avant deux chiffres: 470 milliards d’euros pour les mesures d’urgence et 100 milliards d’euros pour le "plan de relance". Ces chiffres sont en fait le résultat d’additions de données qui ne concernent pas tous les budgets publics, ni la seule année 2021. Le montant ex ante des mesures du plan de relance est en réalité de 65 milliards d’euros pour 2020 et de 36 milliards d’euros pour 2021.
L'impact de ces mesures, intégré dans nos perspectives de croissance pour 2021, est de l’ordre de 1 point de PIB. Il se poursuivrait au-delà et serait même un peu supérieur en 2022 et 2023. L’impact à moyen-long terme résulterait principalement de la baisse des impôts de production. On peut l’évaluer à un supplément de PIB de 0,3 point en 2025 et de 0,5 point en 2030.
Nos recommandations pour renforcer la relance: poursuivre la baisse des impôts de production, innover pour orienter l'épargne vers l'investissement
A court terme, la modalité retenue semble la plus adaptée car elle concerne toutes les entreprises y compris les PME. Néanmoins, Il reste des écarts importants avec nos principaux partenaires et de nouvelles baisses devront être envisagées, notamment concernant la C3S, un impôt en cascade et distorsif.
Les mesures du PLF visant à renforcer le financement des entreprises paraissent trop limitées dans leurs modalités et leur montant. Elles prévoient de garantir à hauteur de 2 milliards d’euros des "prêts participatifs" aux PME et aux ETI et de créer un label d’encouragement à des fonds d’investissements alternatifs. Nous proposons deux dispositifs susceptibles de mobiliser plusieurs dizaines de milliards d’euros supplémentaires :
- De véritables prêts participatifs sans échéance fixée, garantis par l’Etat. Les remboursements seraient indexés sur les résultats futurs.
- Un fonds de rendement à capital garanti afin d'ouvrir largement l'investissement dans les entreprises non cotées. L’épargne des ménages est abondante mais en quête de sécurité, alors que l’investissement productif est risqué. Le risque peut être diminué par la mutualisation dans des fonds, voire supprimé par une garantie de l’Etat sur la valeur des parts de ces fonds, garantie qui serait rémunérée.
La plupart des mesures d’offre stimulent la demande, avant même leurs effets sur l’offre, dès lors qu’elles ne sont pas financées par un prélèvement fiscal. Cependant, s’il fallait à court terme stimuler un peu plus la consommation, une aide sans usage spécifique mais ciblée sur les plus précaires parait plus efficace.
Le choc de 2020 et 2021 conduira à une hausse de la dette publique de près de 20 points de PIB. La stabilisation du ratio à ce niveau est possible et peut déboucher sur un régime relativement stable si le taux d’intérêt reste très bas durablement et si le déficit primaire est ramené assez rapidement vers l’équilibre. Sinon, la dette publique pourrait amorcer une dérive difficilement soutenable, dommageable pour la croissance française et la stabilité de l’euro.