Dans un contexte de croissance atone de l'économie mondiale et alors que les chances de rebond de la zone euro sont faibles, la croissance française devrait être proche de son potentiel en 2020. Elle reposera moins sur l'investissement et davantage sur la consommation. Les mesures budgétaires soutiendront la demande à court terme mais ne contribuent pas à desserrer les freins structurels à la croissance française.

Scénario 2020: résilience de la croissance française sur fond de perspectives mondiales atones

La croissance de l'économie mondiale devrait être modérée (3% en 2020 après 2,9% en 2019), le ralentissement se prolongeant aux Etats-Unis et en Chine. Dans ce contexte, les chances de rebond en zone euro sont faibles (1% en 2020 après 1,1% en 2019) tandis que le Brexit pèse sur l'économie britannique.

La croissance française (1,2 % en 2020 après 1,3% en 2019) serait proche de son potentiel mais ses moteurs vont s'inverser. Principal moteur de la croissance en 2018 et 2019, l'investissement va ralentir tandis que la consommation des ménages accélérera légèrement après avoir progressé moins vite que le pouvoir d'achat en 2019. Ce dernier sera soutenu par la stimulation budgétaire et fiscale mais freiné par le ralentissement des revenus d’activité, l’emploi voyant sa croissance se modérer.

Perspectives des finances publiques: une discipline budgétaire relâchée par rapport aux ambitions initiales du quinquennat

Le projet de loi de finances pour 2020 s'écarte de la trajectoire définie dans la loi de programmation de janvier 2018. La réduction du déficit est nulle de 2019 à 2020 (si l’on met à part le cumul exceptionnel CICE-allègement en 2019), alors que le déficit était censé baisser de 0,5 point dans la programmation initiale. La prévision de déficit est revue à -2,2 % du PIB au lieu de -1,5 % en 2020 et sa cible pour 2022 à -1,5 % du PIB au lieu de -0,3%.

L’effort structurel d’économies de dépense publique cumulé sur la période 2018-2020 est divisé par deux. Hors effet - actuellement très favorable - des taux d’intérêt sur le service de la dette, la réduction des dépenses publiques serait de 0,7 point de PIB, contre 1,3 point de PIB dans la programmation initiale.

Mesures fiscales: un net infléchissement en faveur des ménages

Le projet de Budget pour 2020 prévoit des baisses de prélèvements obligatoires de l’ordre de 15 Md€ par rapport à 2019, aux deux tiers au bénéfice des ménages. Au total, les mesures du gouvernement aboutissent à une diminution des prélèvements obligatoires sur les ménages de près de 18 Md€ et à une hausse des prélèvements sur les entreprises de l’ordre de 3,5 Md€ en 2020 par rapport à 2017.

Les premières réformes du quinquennat (fiscalité du capital, marché du travail) renforceront la croissance potentielle. Mais en relâchant l’effort sur la dépense, le gouvernement se prive de marges budgétaires pour desserrer les freins structurels (compétitivité dégradée, désindustrialisation) et en particulier pour poursuivre la baisse des coûts pesant sur les entreprises. Ainsi, le poids des impôts de production reste nettement plus important en France que chez nos concurrents européens.