La Fondation allemande Bertelsmann analyse les bénéfices économiques du marché unique européen pour les pays et les régions d'Europe. Le gain par habitant s’élèverait en moyenne à 840€, avec des disparités importantes entre les pays et les régions, au profit du coeur de l'Europe.

La Fondation Bertelsmann évalue l’impact du marché unique sur la productivité, les marges et le bien-être dans les pays et les régions d’Europe, en estimant les échanges pouvant être considérés comme spécifiquement générés par cet espace économique commun.

L’étude couvre les 28 pays de l’UE et les quatre pays qui y accèdent grâce à l’Espace Economique Européen (Islande, Liechtenstein, Norvège, Suisse) et évalue également l’effet du marché commun sur des partenaires extérieurs. Elle utilise les données COMTRADE (ONU) 2010-2016.

L’accès au marché commun européen représente un gain moyen par habitant de 840€ par an, soit 461 Mrds€ de gains annuels pour l’ensemble des pays du marché unique.

Il existe cependant, une forte hétérogénéité des gains entre les pays et les régions d’Europe.

Les régions plus proches du centre géographique de l’Europe sont avantagées, du fait d"un meilleur accès aux marchés. Les régions ou pays disposant d’une technologie plus avancée, qui sont plus productifs et innovants, tirent également davantage parti du marché commun.

• Le marché commun européen bénéficie à l’ensemble des pays membres en améliorant la productivité dans chacun des pays. Inversement, il pénalise légèrement les pays tiers.

Les grands gagnants sont la Suisse (2914€), le Luxembourg (2834€) et l’Irlande (1894€), des pays à la productivité élevée, avec une population faible et une économie très ouverte.

• Les gains sont également élevés pour de grandes économies fortement peuplées. La France et l'Allemagne figurent parmi les 10 premiers pays bénéficiaires avec des gains de 1074 et 1046€.

• Les régions périphériques de l’est et du sud de l’Europe (Bulgarie, Roumanie, Croatie, Grèce) captent moins de bénéfices : de 193 à 401€ par an et par citoyen.

• Les disparités régionales sont importantes : c’est au Royaume-Uni qu'elle sont les plus fortes, notamment entre Londres, fortement bénéficiaire, et le nord du pays. En France, l’Ile-de-France et les régions de l’est seraient davantage gagnantes.

• Le coût global d’un "Brexit dur" est faible comparé aux gains du marché unique. Les auteurs comparent pour chaque pays les pertes associées à un Brexit dur* aux gains tirés du marché unique. Le Royaume-Uni est le seul pays dont les pertes induites par le Brexit (900 € par tête) sont supérieures aux gains du marché unique (776 € ). A l’inverse, comparativement aux gains importants qu’ils tirent du marché unique, et en raison de la structure de leurs échanges, le hard Brexit est très peu coûteux pour l’Autriche, et dans une moindre mesure la Suisse.

* Voir Mion and Ponattu (2019) ‘Estimating the economic impact of Brexit on European countries and regions’, Bertelsmann Stiftung Policy Paper 03/19

Estimating economic benefits of the Single Market for European countries and regions
Giordano Mion et Dominic Ponattu
Fondation Bertelsmann, Policy Paper, mai 2019