Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Pour la plupart des prévisionnistes économiques, la croissance devrait se poursuivre en France en 2018-2019. Mais l’analyse comparée par l’OFCE des prévisions de croissance de 18 organismes publics et privés révèle des écarts parfois importants, notamment sur les salaires, la contribution du commerce extérieur, ou l’impact des mesures en faveur de la compétitivité.
L’OFCE analyse et compare les prévisions pour la France pour 2018 et 2019 réalisées fin 2017 par 18 instituts publics et privés*.
L’année 2017 est une année de reprise, avec une croissance légèrement plus dynamique que ce qu’anticipaient la plupart des prévisionnistes : 1,9% selon l’INSEE, contre 1,8% prévue en moyenne.
A court terme cette dynamique devrait se poursuivre, la moyenne des prévisions atteignant 1,8% en 2018 et 1,7% en 2019. Le déficit budgétaire devrait repasser sous le seuil des 3 % du PIB dès 2017 pour la totalité des instituts. La France sortirait de la Procédure de déficit excessif européenne en 2018, mais le déficit resterait élevé sur la période pour une majorité d’instituts.
L'Ofce relève néanmoins un certain nombre de divergences dans les prévisions, particulièrement pour 2019 :
• Les prévisions de croissance du PIB pour 2019 divergent nettement, entre 1,4% pour la plus basse à 2,2% pour la plus haute. 5 instituts prévoient une accélération de la croissance, 8 anticipent un ralentissement significatif (dont Coe-Rexecode).
• La majorité des instituts prévoit un rééquilibrage des moteurs de la croissance. La contribution du commerce extérieur serait moins négative (-0,2 point en 2018 et 2019). Néanmoins, ces prévisions de contribution s'étalent de -0,6 à 0,2 en 2018 et de -0,7 à 0,1 en 2019.
• Les avis diffèrent sur l’impact des politiques d’offre mises en place depuis 2013 sur la compétitivité des entreprises françaises. Certains instituts (Ofce, Banque de France) retiennent l'hypothèse d'une amélioration des performances à l’exportation et donc d'un redressement des parts de marché à l’horizon 2019. D’autres (Natixis, Coe-Rexecode, Commission européenne) maintiennent la tendance baissière du fait d’investissements jugés insuffisants dans les secteurs à forte valeur ajoutée, et d’un coût du travail encore trop pénalisant pour les entreprises.
• Les prévisions sur les salaires sont hétérogènes. Après 1,8% en 2017, le salaire progresserait en moyenne de 1,9% en 2018 et 2% en 2019 (avec 1,3% pour les estimations les plus basses et 2,6% pour les plus élevées). L’appréciation du degré de tensions sur le marché du travail et l’impact sur les salaires de la décentralisation des négociations collectives mise en place en 2017 expliquent selon l’Ofce ces écarts de prévisions.
• La croissance progresserait "beaucoup plus vite" que la croissance potentielle, estimée par la plupart des instituts autour de 1,25 %. Si en 2017, l’écart de croissance – mesurant la différence entre le PIB observé et le PIB potentiel – est franchement négatif (entre –2,2 et –0,7 point de PIB potentiel), il se réduirait en 2019. Pour une majorité des instituts, cet output gap se refermerait (proche de 0 ou clairement positif) et des tensions inflationnistes pourraient apparaître. Pour 4 instituts, l’output gap serait aux alentours de –0,7 point.
* la Banque de France, la Direction générale du Trésor, la Commission européenne, l'OCDE, le FMI, Coe-Rexecode, l'OFCE, Oxford Economics, Barclays, Natixis, HSBC, Exane, la Banque postale, BNP Paribas, le Crédit Agricole, Citigroup, ING et la Société générale.
Une comparaison des prévisions macroéconomiques pour la France
OFCE, Sabine LE BAYON, Christine RIFFLART – Document de travail N°2018-06 et Policy Brief N°32, 8 février 2018