Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Dans une édition spéciale du baromètre de l’attractivité de la France d’EY, près de la moitié des investisseurs étrangers déclarent avoir réduit ou reporté leurs projets d’investissements en France depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, même si aucune entreprise n’a annulé ses projets. L’incertitude règlementaire et la crainte d’un coup de frein, voire d’une remise en cause des réformes structurelles, ont particulièrement pesé dans leur décision.
En juin 2024, EY publiait le second épisode de son Baromètre de l’Attractivité de la France: pays européen le plus attractif depuis 2019, la France continuait d’attirer les investissements étrangers. Afin d’évaluer l’impact de la dissolution de l’Assemblée nationale et de l'incertitude politique en France, EY a interrogé un panel de 200 dirigeants internationaux en octobre 2024. Les résultats sont parus dans une édition spéciale du baromètre sur les projets d’investissements étrangers en 2024 et au-delà.
La moitié des dirigeants (55% des dirigeants de PME) estiment que l’attractivité de la France s’est légèrement dégradée depuis le mois de juin 2024 (seuls 1% la jugent très dégradée). Pour 61% d'entre eux la perte d'attractivité est d'abord imputable à "l’incertitude politique née de la dissolution de l’Assemblée nationale" et à "l’incertitude relative à la fiscalité sur les entreprises en France" (42%).
49% des entreprises qui avaient des plans d'investissement en France en 2024 déclarent les avoir réduit, dont 12% de manière significative. Aucun de ces dirigeants d'entreprises étrangères ne prévoient d’annuler ses investissements pour le moment, 84% indiquant reporter leur décision à 2025 et 10% à 2027, les 6% restant étant "indécis". 57% estiment que l'attractivité de la France s'améliorerait d'ici 1 an (50% des PME).
L'incertitude législative et règlementaire arrive en tête des motifs invoqués pour expliquer la réduction des projets en 2024 (59%), suivi du "ralentissement des réformes" sur la simplification administrative, les retraites, la réindustrialisation, etc. (47%), de la remise en question des décisions publiques prises précédemment (40%), et enfin des inquiétudes sur la situation budgétaire, de possibles hausses de la fiscalité ou de coût du travail (entre 20 et 31%).
D’ici 2027, les intentions d'investissement restent dynamiques dans la R&D et les services (61% et 53%), mais sont plus réservées pour les implantation d'usines ou dans la logistique (49 et 47% respectivement), tandis qu’à peine 15% des dirigeants étrangers envisagent d’installer un siège social en France.
Le Royaume-Uni pourrait sortir gagnant de l’incertitude des investisseurs vis-à-vis de la France, 42% des dirigeants interrogés estimant qu’il a gagné en attractivité par rapport à la France. Quant à l’Allemagne, elle est "évaluée plus négativement que la France".
Les 3 "atouts de la France" les plus cités sont la qualité et disponibilité de la main-d’œuvre (37%), la capacité d’innovation et de recherche (29%), la fiabilité et la couverture des infrastructures (25%).
Les 3 moins cités (par moins de 14% des répondants chacun) sont la stabilité politique et réglementaire, le coût de la main-d’œuvre et des autres intrants, l'approche politique en matière de changement climatique et de durabilité. Le coût de l'énergie est considéré comme un atout par 19% des investisseurs.
> Baromètre de l'attractivité de la France
EY - Edition spéciale – 18 novembre 2024
Enquête Trésorerie, Investissement et Croissance des PME
Indicateurs du coût de l'heure de travail en Europe
Documents de travail