Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Selon l’OCDE, il est peu probable que l’automatisation et la numérisation détruisent massivement les emplois. Les plus menacés étant les travailleurs peu qualifiés, dont les emplois sont davantage susceptibles d’être automatisés.
Les 14 et 15 janvier 2016, l’OCDE a organisé un Forum sur l’avenir du Travail et une réunion ministérielle sur l’emploi et le travail, pour "bâtir des marchés du travail plus résilients et inclusifs". L’objectif était notamment d’analyser les mutations du monde du travail sous l’effet de la numérisation et de l’automatisation de l’économie, et les implications sur les politiques de l’emploi et les compétences. Ce sujet fait l’objet d’une étude comparative pour les pays membres de l’OCDE et d’une synthèse sur l’avenir du travail.
Le débat sur l’impact de l’automatisation et de la numérisation sur l’emploi a été alimenté par des études sur les États-Unis et l’Europe arguant qu’une grande partie des emplois étaient menacés par l’informatisation. Ces études utilisent une méthode basée sur les professions dans leur ensemble, qui mène selon l'OCDE à une surestimation de l’automatisation des emplois (47% du total des emplois aux Etats-Unis selon Frey et Osborne – 2013).
En privilégiant une approche prenant en compte l’hétérogénéité des tâches au sein des professions, l’OCDE estime qu’en moyenne dans les 21 pays de l’OCDE étudiés, 9% des emplois sont automatisables (emplois dont au moins 70% des tâches sont automatisables). Les résultats sont hétérogènes entre les pays : de 6 % en Corée à 12 % en Autriche, Allemagne et Espagne. La France se situe dans la moyenne, soit 9%. Il existe également des écarts selon les qualifications : le risque d’automatisation atteint 40% pour les travailleurs les moins instruits, et est inférieur à 5% pour les diplômés de l’enseignement supérieur.
L'OCDE écarte le risque de chômage technologique massif mais souligne que la structure des tâches effectuées par profession changera. Le marché du travail étant de plus en plus polarisé entre emplois très et peu qualifiés, les travailleurs qui ne réussiront pas à se reporter sur de nouveaux emplois en subiront les conséquences. Au-delà de la robotisation, la dernière "synthèse sur l’avenir du travail" de l’OCDE met en avant les évolutions induites par l’essor des plate-formes de "travail à la demande" de type Uber, qui peuvent contribuer à aggraver la précarité.
The risk of automation for jobs in OECD countries. A comparative analysis – OECD Social, Employment and Migration Working Papers N°189, mai 2016
Automatisation et travail indépendant dans une économie numérique – OCDE, Synthèses sur l’avenir du travail, mai 2016
Notre sélection d’études sur cette question :
L’avenir du travail : quelles redéfinitions de l’emploi, des statuts et des protections ? France Stratégie, Cécile Jolly et Emmanuelle Prouet, document de travail N°2016-04, mars 2016
The Future of Jobs. Employment, Skills and Workforce Strategy for the Fourth Industrial Revolution – Forum économique mondial, janvier 2016
Travail, emploi, numérique : les nouvelles trajectoires – Conseil National du Numérique, Benoît Thieulin, janvier 2016
Technology at Work v2.0. The Future Is Not What It Used to Be – Citi GPS, Oxford Martin School (University of Oxford), janvier 2016
What happens if robots take the jobs? The impact of emerging technologies on employment and public policy - Brookings Institution, Darrell M. West, octobre 2015
Man and Machine in Industry 4.0. How Will Technology Transform the Industrial Workforce Through 2025? – Boston Consulting Group, septembre 2015
Robots at Work – Georg Graetz, Guy Michaels, CEP Discussion Paper N°1335, mars 2015
Polanyi’s Paradox and the Shape of Employment Growth – David H. Autor, septembre 2014
Digital Life in 2025. AI, Robotics, and the Future of Jobs - Pew Research Center, Aaron Smith, Janna Anderson, août 2014
The Future of Employment: How Susceptible are Jobs to Computerisation? – Oxford Martin School (University of Oxford), Carl Benedikt Frey, Mickael A. Osborne, septembre 2013