Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Coface évalue la dépendance commerciale de l'Afrique subsaharienne vis-à-vis de la Chine. Le ralentissement de la demande chinoise expose fortement les pays exportateurs de matières premières. Pour que la relation sino-africaine, déséquilibrée, se transforme en coopération "gagnant-gagnant", les échanges et les investissements devront se diversifier.
Depuis 2000, l’essor de la coopération économique entre la Chine et l’Afrique a fait de la Chine un partenaire clé pour de nombreux pays africains. Selon Coface, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique a triplé entre 2006 et 2016. Cette relation est néanmoins déséquilibrée, les matières premières (pétrole, minéraux et métaux surtout), représentant 90% des exportations africaines vers la Chine.
Le rééquilibrage et le ralentissement de l'économie chinoise affectent ses besoins en matières premières. Les exportations d’Afrique subsaharienne vers la Chine ont ainsi chuté de plus de 50% par rapport à leur pic en 2014 et cette tendance devrait se poursuivre.
La baisse de la demande chinoise n'affectera pas tous les pays et régions de la même manière. Les auteurs ont calculé, à partir des données des Nations-Unies sur le commerce mondial (Comtrade), un indice de dépendance aux exportations afin de mesurer le degré d’exposition de chaque pays et zones. Cette indice, calculé pour les principales matières premières exportées, est compris entre 0 et 1 (dépendance totale).
La dépendance de l’Afrique subsaharienne aux exportations de matières premières vers la Chine était de 0,24 en 2016, en très forte augmentation depuis 2006. En comparaison*, la dépendance de l’Union Européenne atteint 0,07 et celle des États-Unis 0,12. Parmi les zones émergentes, l’Afrique affiche l'indice le plus élevé, juste au dessus de l'Amérique latine (0,22), loin devant l'Asie du Su-Est (0,16). Les pays africains les plus dépendants sont sans surprise les exportateurs de pétrole (Angola, Congo, Gabon) mais aussi la Zambie avec le cuivre.
A long terme, le partenariat sino-africain pourrait devenir moins déséquilibré. Une diversification des échanges est amorcée même si elle reste faible en valeur : nouveaux produits à l’exportation (matières premières agricoles, bois, produits manufacturés à faible valeur ajoutée) et progression des investissements et prêts chinois hors des secteurs de l’extraction. L’initiative One Belt One Road (Nouvelles routes de la soie) pourrait dynamiser les échanges et réduire leur coût.
* La dépendance commerciale pondérée aux exportations à l’égard de la Chine pour chaque région a été calculée à partir des 50 plus grandes exportations vers la Chine par groupes de pays.
Chine-Afrique : le mariage de raison va-t-il durer?
COFACE, Panorama, novembre 2017 (Carlos Casanova et Ruben Nizard)