Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Les mesures d'allégements du coût du travail sont majoritairement concentrés sur les bas salaires. La Fabrique de l’Industrie propose de cibler les allégements de cotisations patronales sur les salaires médians. A la clé : un plus grand impact à long terme sur la compétitivité et l'emploi.
En 2016, Les allégements de cotisations sociales patronales (allégements généraux sur les bas salaires, CICE et pacte de responsabilité) coûteront environ 50 milliards d’euros. Ils seront concentrés à environ 67% sur les bas salaires.
Selon la Fabrique de l'Industrie, pour un impact optimal des allégements de charges, l’idéal serait un ciblage sur les secteurs exposés à la concurrence internationale. La hausse des exportations induite permettrait de créer 130.000 emplois. Mais un ciblage sectoriel n’est pas réalisable car il serait assimilé à des aides d’Etat sectorielles par l'Union européenne.
L’auteur compare l’impact d’un allègement de charges sociales patronales de 10 milliards d’euros (financé par une hausse de TVA) selon deux scénarios : le premier ciblé sur les bas salaires (inférieurs à 1,5 smic), le second sur les salaires médians (entre 1,5 et 3,6 smic).
Les ciblages sur bas salaires ou salaires médians produisent le même nombre d'emplois au bout de dix ans (environ 75.000), mais pas les mêmes.
• Le ciblage sur les bas salaires favorise les emplois peu qualifiés dans les secteurs protégés, avec peu de conséquences pérennes sur la compétitivité. Il aurait un impact plus important sur l’emploi, mais seulement durant les trois premières années.
• Le ciblage sur les salaires intermédiaires permet de créer davantage d’emplois plus qualifiés dans des secteurs industriels exportateurs, sources de gains de productivité. Grâce à cet effet de structure, ce ciblage "est bien plus favorable à la compétitivité et à la croissance" à long terme.
L’ampleur de l’effet sur la compétitivité et l’emploi dépend aussi du comportement de marge des entreprises : il est plus fort si les entreprises répercutent l’allégement sur leurs prix, plutôt que sur le rétablissement de leurs marges. A l’inverse, "quelles que soient les modalités des allégements de charges, leur effet sur la compétitivité et l’emploi est réduit à zéro s’ils sont répercutés en hausses des salaires et de dividendes".
L'efficacité de ces mesures dépend également du mode de financement choisi. Selon que l'allégement de 10 milliards d'euros est financé par une hausse de la TVA ou par un supplément d'économies sur les dépenses publiques, à horizon de dix ans la divergence entre les deux scénarios se traduit par un écart de 0,3 points de PIB à l'avantage de la baisse des dépenses publiques.
Allégements du coût du travail : pour une voie favorable à la compétitivité française– La Fabrique de l’industrie, Gilles Koléda, préface de Louis Gallois et Denis Ranque, juin 2015