Les premières enquêtes de conjoncture disponibles depuis le début du confinement ainsi que de nouvelles données sur l’emploi confirment les premières estimations par l’Insee de l’impact sur l’économie française du confinement décidé par le gouvernement pour endiguer l'épidémie de Covid-19. Les conséquences sur les entreprises et la consommation sont très lourdes, d’autant plus que la reprise sera probablement très progressive.

L’Insee actualise et précise dans ce nouveau Point de conjoncture ses premières estimations (publiées les 26 mars et 9 avril) des effets sur l’activité économique en France du confinement destiné à limiter la propagation de la pandémie de Covid-19.

Aux sources inhabituelles auparavant utilisées par l’Insee (comme les données haute fréquence, par ex. les transactions par carte bancaire, les remontées directes d’entreprises et de fédérations professionnelles, ou les travaux d’autres organismes comme Rexecode), s’ajoutent désormais les premières données administratives et d’enquêtes, montrant des climats des affaires qui "dévissent" à cause du confinement. Ces données plus "conventionnelles" confirment les premières estimations de l'Insee : l'impact d'un mois de confinement amputerait le PIB de 35%, soit -3% de PIB sur un an. La perte sera même probablement supérieure car l’économie ne reviendra à la normale que très progressivement.

Sur le seul champ marchand, la perte est estimée à –41% par rapport à la normale, et même à –49% en excluant les loyers, composante peu sensible à court terme aux évolutions de l’activité. La consommation des ménages serait inférieure de 33% à la normale, surtout à cause de la baisse de la consommation en produits manufacturés (-16 pts) et en services marchands (-15 pts).

Ces évaluations sont confirmées par les premières remontées de données permettant de quantifier l’impact du confinement sur l’emploi, à savoir l’enquête "Acemo-Covid" (Dares), les premières remontées administratives sur le recours à l’activité partielle (Dares, DGEFP et Pôle emploi) ainsi que les déclarations d'embauches à l'Acoss. Ces données sont en effet cohérentes avec l’hypothèse d’une économie tournant à environ 2/3 de sa capacité, tous secteurs compris, avec une chute plus marquée pour le secteur marchand.

"Comme un organisme placé sous anesthésie, l’économie française n’assure plus que ses fonctions vitales". Malgré un "très léger regain d’activité ces dernières semaines" notamment dans l’industrie (-39% au lieu de 43% le 9 avril) et le bâtiment (-79% au lieu de -88%) du fait de la réouverture de certains chantiers et usines, la situation a très peu évolué depuis le début du confinement.

L'Insee note que "pendant la période de confinement, la perte de revenu national aura été considérable". Une grande partie sera absorbée par la hausse du déficit public, mais une part non négligeable restera à la charge des entreprises. Les ménages seront également affectés, même si leur taux d’épargne devrait augmenter ponctuellement du fait de la baisse de la consommation pendant le confinement.

Point de conjoncture du 23 avril 2020
INSEE, 23 avril 2020

Voir aussi :

Europe should unlock excess savings from Covid-19 response
ALLIANZ - EULER HERMES, Ana BOATA, Arne HOLZHAUSEN, Ludovic SUBRAN, avril 2020

La crise du coronavirus va provoquer une augmentation importante des taux d'épargne des Européens. Euler Hermes estime qu'ils pourraient progresser de 20 points (à 36%) au deuxième trimestre 2020, pour atteindre un montant additionnel de 1300 Mrds€, soit 10% du PIB de l'UE. Le total de l'épargne se situerait alors à 2300 Mrds€. Ce phénomène concernera en particulier les pays où l'endettement des ménages est élevé et le chômage en hausse (pays nordiques, Pays-Bas, Royaume-Uni et, dans une moindre mesure, France, Belgique, Espagne et Portugal).