Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
L'édition de juillet du Quarterly Report on the Euro Area de la Commission européenne revient sur les canaux de transmission et les conséquences à court et moyen terme du choc de la pandémie de COVID-19 sur la situation macro-économique de la zone euro. Bien qu'amorti par des politiques publiques exceptionnelles, ce choc de nature et d'ampleur inédites risque de laisser des cicatrices préjudiciables à la capacité de croissance et de résilience de la zone euro. Des cicatrices peut-être moins profondes cependant que celles de la crise de 2008.
Affectée plusieurs vagues de pandémie de Covid-19, l'économie de la zone euro s'est contractée de 6,6% en 2020 (contre -3,5% aux Etats-Unis), soit sa récession la plus forte depuis 1945. Elle devrait se redresser plus rapidement qu'après la Grande Récession de 2008-09 pour revenir à son niveau d'avant-crise d'ici le premier trimestre 2022 selon les prévisions de la Commission reprise dans son Quarterly Report on the Euro Area de juillet.
Mais, à plus long terme, la crise sanitaire risque, comme les crises passées, de laisser des cicatrices durables et d'affecter la production potentielle.
- Des cicatrices sur le capital. La crise financière mondiale avait déjà eu des conséquences durables sur les investissements, avec à la clé des divergences d’accumulation de capital dans les États membres néfastes pour la résilience de la zone. La crise de la Covid-19 pourrait accentuer ces tendances. Le sous-investissement laisserait aussi une cicatrice "technologique".
- Des cicatrices sur l’emploi et le capital humain. L'utilisation massive des dispositifs d’activité partielle a permis de préserver davantage l’emploi que lors des crises précédentes. Moins massifs qu'en 2020, ces dispositifs sont encore utilisés dans certains pays et secteurs en 2021, leur prolongation pourrait par contre freiner une réallocation efficace de la main d'oeuvre. Spécifiques à cette crise, les contraintes sanitaires ont pesé sur les conditions d’accès à l’éducation et à la formation continue.
Le QREA présente les résultats d’un exercice prolongeant les prévisions économiques de Printemps de la Commission jusqu’en 2023-2026. La projection illustre ce qui se produirait si les tendances émanant des prévisions jusqu'à 2022 pour le travail, le capital et la productivité totale des facteurs persistaient à plus long terme.
Les résultats suggèrent que les cicatrices de la pandémie pourraient être contenues et relativement peu durables, en grande partie grâce à la réponse politique solide de l'UE et des Etats (les prévisions pour 2021 et 2022 sont significativement affectées par l'impact du NGEU sur l’investissement). L’effet sur la croissance potentielle serait moins important que lors de la crise de 2008 (suivie de celle de 2011) qui était caractérisée par une baisse prolongée de l'investissement, avec un impact négatif sur le stock de capital et la demande de travail. La crise sanitaire associée à une contraction plus transitoire de la consommation en 2020, pèserait moins sur l’offre à moyen terme. La croissance rejoindrait la trajectoire projetée avant la crise entre 4 à 5 années après le déclenchement de celle-ci (cf. graphique I-10). Cependant, l’ampleur et la nature extraordinaire du choc ne permettent pas d’écarter le risque que certains de ses impacts persistent plus longtemps.
Synthèse réalisée par la Documentation de Rexecode, pour accéder au document suivre le lien ci-dessous:
The macroeconomic impact of the COVID-19 pandemic in the euro area
Olga Croitorov, Giulia Filippeschi, Mirko Licchetta, Philipp Pfeiffer, Adriana Reut, Wouter Simons, Anna Thum-Thysen, Anneleen Vandeplas and Lukas Vogel
Commission européenne, Quarterly Report on the Euro Area, 2 juillet 2021
Voir aussi :
The uneven impact of the COVID-19 pandemic across the euro area
Eric Meyermans, Virgilijus Rutkauskas and Wouter Simons
Commission européenne, Quarterly Report on the Euro Area, 2 juillet 2021
Pour ce qui est des trajectoires nationales, le deuxième article montre comment la pandémie a accru les divergences au sein de la zone euro, à la fois en raison de la composition sectorielle des économies nationales et d'écarts dans la rigueur des mesures de confinement. Ces divergences concernent aussi bien le chiffre d'affaires et la santé financière des entreprises que les perspectives de reprise.
Les effets sectoriels de la crise du Covid-19 à l’horizon de la fin 2022 : un chiffrage du "terrain perdu" par rapport aux tendances d’avant-crise
Insee, Note de conjoncture, Dossier, Juillet 2021
La note présente une simulation des pertes d’activité par (sous-)secteur d’activité à l’horizon de fin 2022, et en déduit une évaluation du "terrain perdu" à cet horizon, en termes d’activité globale, par rapport à un scénario tendanciel hors crise dans lequel le PIB aurait crû de 1,2 % par an de 2020 à 2022. L'Insee évalue la perte de PIB agrégé à 1,6 point fin 2022 par rapport au PIB tendanciel d’avant-crise. Environ 60% de cette perte proviendrait des secteurs les plus touchés par la crise qui représentent un peu plus de 15% de la valeur ajoutée totale(matériel de transport aéronautique, transport aérien, hébergement-restauration, agences de voyage, culture, foires et salons, etc.).