Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Selon la Banque de France, les surcoûts organisationnels subis par les entreprises françaises pour s’adapter à la pandémie de Covid seraient parfois élevés dans certains secteurs, mais leur capacité à les transmettre aux prix de vente resterait limitée. Ils pourraient en revanche peser sur les marges de certaines d’entre elles.
Les chefs d’entreprise ont été interrogés par la Banque de France sur les coûts organisationnels liés à l’épidémie de Covid (masques, conditions d’accueil, etc.) et leur capacité à les répercuter dans leurs prix de vente, dans l’enquête mensuelle de conjoncture réalisée fin février-début mars 2021. En combinant les surcoûts supportés par les entreprises et leur transmission aux prix de vente, la Banque de France évalue, dans un billet de son blog Bloc-Note Eco, l’impact direct pour le client de l’entreprise.
• Pour la plupart des secteurs, les surcoûts moyens des mesures sanitaires sont estimés dans une fourchette comprise entre 1 et 3% du chiffre d’affaires.
• Les surcoûts sont nettement plus élevés dans les services à la personne (6% du CA en moyenne) ou dans les activités d’architecture, d’ingénierie et de contrôle technique (5% du CA), des secteurs où l’activité requiert un contact direct avec le client.
• Le degré de transmission médian sur les prix de vente est nul pour l’ensemble des secteurs, "ce qui témoigne d’une très faible capacité des entreprises à ajuster leurs prix de vente".
• La transmission moyenne sur les prix s’élève en revanche à 5%. Pour les entreprises ayant la capacité de répercuter le surcoût sur les prix de vente, l’impact pour le client peut être relativement important, jusqu’à +14% en moyenne dans le gros œuvre. Dans d’autres secteurs comme les services d’information, la transmission est nulle, les surcoûts étant absorbés par une réduction des marges des entreprises.
• Sur l’ensemble des secteurs, l’impact des surcoûts liés aux mesures sanitaires sur le prix final est de l’ordre de 0,1% en moyenne : il est plus important dans les services à la personne et les activités d’architecture (surcoûts plus élevés), ainsi que dans le gros œuvre ou la réparation automobile (transmission plus importante).
Ce choc de coût, lorsqu’il est répercuté sur une autre entreprise achetant des intrants, se propage le long de la chaine de production. Pour estimer ce deuxième canal, les auteurs construisent plusieurs évaluations en prenant en compte l’impact direct et les impacts indirects par les consommations intermédiaires et les importations, en utilisant les tableaux entrée-sortie symétriques de l’Insee.
Au final, les coûts d’organisation liés au Covid pourraient peser sur les marges de certaines entreprises, mais les conséquences directes et indirectes sur le niveau général des prix à la consommation seraient a priori faibles. Le choc direct serait de l’ordre de 0.1% sur les prix à la consommation, plutôt concentré sur les services marchands. La diffusion par les consommations intermédiaires et les importations "affecterait logiquement plutôt les biens, augmentant ainsi le choc global potentiel jusqu’à 0,3% sur les prix à la consommation".
Synthèse réalisée par le service Documentation de Rexecode, pour accéder au document cliquez sur le lien ci-dessous.
Quelle répercussion sur les prix des coûts d’adaptation à la Covid ?
Banque de France - Mathilde GERARDIN, Jean-François OUVRARD, Bloc-Note Eco N°214, 5 mai 2021
Voir aussi :
• Entre restrictions sanitaires et problèmes d’approvisionnement, "de nombreux facteurs limitent l’activité des entreprises début 2021" selon l'Insee. D'après les enquêtes de conjoncture d’avril 2021, les freins à l’activité sont contrastés selon les secteurs. Certains services sont très fortement contraints par les mesures de restrictions sanitaires (hébergement-restauration par exemple), tandis que des problèmes d’approvisionnement affectent l’industrie. Comme avant la crise, les entreprises du bâtiment sont nombreuses à déclarer des difficultés liées à l’insuffisance de main-d’oeuvre. Les cours des matières premières accélèrent, tout comme les prix de production de l’industrie française (+4% sur un an en mars 2021, un chiffre à nuancer toutefois par le faible niveau de ces indices au printemps 2020). Ce mouvement pourrait entraîner "à la fois une compression des marges des entreprises et une hausse au moins ponctuelle des prix à la consommation".
Reprise : si loin, si proche
INSEE – Note de conjoncture, 6 mai 2021 (pp. 10-14)
• L'Insee publie également le 11 mai les résultats de son enquête visant à mesurer l’impact de la crise de la covid-19 sur l’activité de l’entreprise et son organisation en avance par rapport aux sources usuelles et en complément de l’enquête mensuelle du Ministère du travail. L’enquête porte sur l’amont (facteurs de production, dont la gestion et la disponibilité de la main d’œuvre, télétravail, chaînes d’approvisionnement…) et l’aval (baisse ou arrêt de la production, disparition de marchés, production de nouveaux produits, réorientation) pendant la période du confinement puis lors de la reprise.
Impact de la crise sanitaire en 2020 - Enquête impact de la crise sanitaire sur l’activité et l’organisation des entreprises
Insee Résultats , 11 mai 2021
• Les difficultés de recrutement reviennent au premier plan pour les TPE et PME selon le Baromètre trimestriel Bpi France Le Lab / Rexecode, juste derrière les perspectives de demande dégradées. Les premières sont vues comme un frein à l'activité par 44% des dirigeants interrogés la seconde quinzaine d'avril (+6 points par rapport à février 2021), les secondes le sont par 45% des chefs d'entreprise (−5 points). En écho à la hausse marquée de nombreuses matières premières depuis le début de l’année, les coûts et les prix sont évoqués comme un frein par 19% des dirigeants de PME / TPE (+8 points).
Trésorerie, Investissement et Croissance des PME, Baromètre trimestriel Bpifrance Le lab - Rexecode, 10 mai 2021