François Ecalle, sur son site spécialisé sur les finances publiques, estime l’impact sur le déficit public des mesures budgétaires (en dépenses et en recettes) prises par les différents gouvernements depuis 1989 (début du second septennat de François Mitterrand) jusqu’à la présidence d’Emmanuel Macron. Hormis les périodes 1993-1997 et 2012-2017, tous les gouvernements ont contribué à creuser le déficit public.

François Ecalle évalue sur son site Fipeco l’impact sur les finances publiques françaises, hors effets de la conjoncture, des politiques budgétaires menées lors des différentes législatures (1) depuis 1989. La contribution à la hausse ou à la baisse du déficit public des mesures budgétaires adoptées au cours de chaque majorité parlementaire est mesurée en estimant un indicateur d' "effort structurel" qui fait le bilan en dépenses et en recettes de toutes les mesures prises par un gouvernement, en effaçant l’impact de l’aléa de la conjoncture.

Sur l’ensemble de la période, cet indicateur de l'effort structurel est fortement négatif (-4,1 points de PIB), synonyme de hausse du déficit. L’effort sur les recettes a été globalement positif (1,1 points de PIB) et l’effort sur les dépenses "très négatif" (- 5,2 points).

L’effort structurel n’a été positif (réduction du déficit) que pendant les législatures 1993-1997 (à hauteur de +2,3 points de PIB), période de préparation à l’entrée dans la zone euro, grâce à une forte hausse des prélèvements obligatoires et une baisse des dépenses de retraite ; et pendant le quinquennat de François Hollande en 2012-2017 (+1,7 point), avec un effort en recette particulièrement important.

L’indicateur a été particulièrement négatif (-2,3 points de PIB) pendant la première partie du second septennat de François Mitterrand entre 1989 et 1993 - marquée par les nettes hausses de dépenses publiques pour les retraites, la santé, l'éducation. L'indicateur a aussi été négatif sous Lionel Jospin entre 1997 et 2002 (-1,7 point de PIB), puis sous Nicolas Sarkozy en 2007-2012 (-2 points), et dans une moindre mesure durant le deuxième mandat de Jacques Chirac en 2002-2007 (-0,7 point).

Sous la présidence d’Emmanuel Macron, de 2017 à 2023, l’effort structurel s’élève à -1,5 point de PIB, avec un effort en dépenses plombé principalement par les mesures exceptionnelles prises pendant la crise Covid, et un effort en recettes "fortement négatif (-2,6 points) du fait des baisses d’impôts (taxe d’habitation, impôt sur les sociétés, allègements de cotisations sociales en contrepartie de la suppression du CICE…)".

(1) Les législatures étudiées sont : première partie du second septennat de François Mitterrand (1989-1993), période de cohabitation (Edouard Balladur puis Alain Juppé) puis les deux premières années du septennat de Jacques Chirac (1993-1997), période de cohabitation du septennat de J. Chirac (1997-2002), quinquennat de J. Chirac (2002-2007), quinquennat de Nicolas Sarkozy (2007-2012), quinquennat de François Hollande (2012-2017), premier quinquennat d’Emmanuel Macron et le début du second (2017-2023).

Synthèse par la Doc de Rexecode, accès au document par le lien ci-dessous.

Les efforts structurels de réduction du déficit public de 1989 à 2023
Fipeco – François Ecalle, 10 septembre 2024

Egalement publié cette semaine :

Report on public finances in EMU 2023
Commission européenne – Institutional Paper N°295, 9 septembre 2024

Ce rapport annuel de la Commission européenne est consacré aux finances publiques des pays membres de la zone euro et sur la surveillance budgétaire européenne dans le cadre du pacte de stabilité. Il présente les grandes évolutions des comptes publics en 2023 et les recommandations du Conseil par pays pour 2024-25.

Cette édition présente notamment les nouvelles règles budgétaires européennes, entrées en vigueur le 30 avril 2024. Il propose également un chapitre spécial sur l’investissement public en période de forte dette publique.