Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Dans son rapport annuel sur la soutenabilité de la dette, la Commission européenne présente de nouvelles projections de déficit et de dette publics pour les pays de l’Union européenne, et identifie les risques à court, moyen et long terme. La trajectoire des finances publiques européennes porte forcément l’empreinte de la crise sanitaire.
La dynamique de la dette publique est exceptionnelle en 2020, estime la Commission européenne dans son rapport annuel sur la soutenabilité de la dette. Certes entourées d'importantes incertitudes, les projections des ratios de dette/PIB d’ici 2031 sont fortement revues à la hausse, malgré l'hypothèse d’un retour progressif du solde structurel au niveau d'avant crise. Cela s’explique par des positions budgétaires de départ nettement moins bonnes suite à la crise du Covid-19 qui entraine à la fois une forte hausse de la dépense publique et une baisse immédiate des recettes, et par un affaiblissement des perspectives de croissance à moyen terme.
Seuls 11 pays ne dépasseront pas la valeur de référence de 60% de dette/PIB en 2031. Le poids de la dette publique persisterait se maintiendrait à plus de 60% du PIB en moyenne dans la zone euro en 2031, près de 150% en Italie, 140% en Espagne, à au moins 120% en Belgique et en France, 100% au Portugal, 80% du PIB en Croatie, Chypre, Autriche, Slovénie et Slovaquie.
Reflétant la détérioration importante et brutale des finances publiques en 2020, 11 pays semblent exposés à un risque de tensions budgétaires à court terme selon l'indicateur d'alerte précoce (Belgique, Espagne, France, Croatie, Italie, Chypre, Lettonie, Portugal, Roumanie, Slovaquie et Finlande). En 2009, 17 pays étaient dans ce cas et la situation des finances publiques est globalement plus solide qu’à l’époque. Les interventions de la BCE, vont de plus maintenir des conditions de financement favorables en 2021.
À moyen terme, huit pays sont exposés à un risque élevé (Belgique, Espagne, France, Italie, Portugal, Roumanie, Slovénie et Slovaquie), en raison d’un taux d'endettement élevé, qui ne devrait diminuer que progressivement, voire tardivement (124,8% du PIB en France en 2026, près de 120% en 2031).
Sur le long terme, la Commission estime que cinq pays seraient à haut risque (Belgique, Luxembourg, Roumanie, Slovénie et Slovaquie). Au Luxembourg, en Roumanie et en Slovaquie, l'augmentation des coûts du vieillissement s’avère notamment plus rapide que prévu. La France est estimée en risque moyen à long terme, grâce à la baisse des dépenses publiques liées au vieillissement.
La Commission identifie les risques à la hausse comme à la baisse :
• Les risques baissiers sont liés à la présence de passifs éventuels, notamment les garanties publiques au secteur privé, sources de vulnérabilité supplémentaire. Ces passifs éventuels représentaient environ 15% du PIB en 2020, avec de grandes différences entre États membres. La capacité du secteur bancaire à absorber le choc est globalement plus élevée que lors de la crise financière.
• De nombreux facteurs contribuent à atténuer les risques liés à la viabilité de la dette dans l'UE, notamment l'allongement des maturités de la dette ces dernières années, des sources de financement relativement stables (avec une base d’investisseurs diversifiée et importante), des coûts d’emprunt historiquement bas, soutenus par l’intervention de la BCE. De plus, la mise en œuvre des réformes et des investissements dans le cadre de NextGenerationEU devraient avoir un impact positif et persistant substantiel sur la croissance globale de l'UE.
Synthèse réalisée par la Documentation de Rexecode, cliquez sur le titre ci-dessous pour accéder au document.
Debt Sustainability Monitor 2020
Commission européenne, Institutional Paper N.143, 5 février 2021
Voir aussi :
Les premières réponses de politique budgétaire des pays de la zone euro face à la crise de la COVID-19
Banque centrale européenne – Bulletin économique N.1/2021, février 2021
Cet article présente la réponse de politique budgétaire (enveloppe globale et mesures en détail, volet dépense et volet recettes) durant les phases initiales de la crise sanitaire. Tous les pays de la zone euro ayant été touchés par le choc au même moment et dans une proportion analogue, les mesures d’urgence ont été relativement proches en termes de taille et de portée des instruments utilisés. Elles ont été principalement axées sur le soutien aux entreprises et à l'emploi (chômage partiel).
Pour 2021, les mesures budgétaires se porteraient davantage sur le soutien de la reprise, leur montant et leur composition étant toutefois incertains. L'article souligne que la quantification et la comparaison entre pays des mesures budgétaires discrétionnaires "posent des difficultés majeures". Tout d'abord parce que ces mesures ont fait l'objet de nombreuses révisions, ensuite parce que leur enregistrement statistique a pu varier d'un pays à l'autre (par exemple, le chômage partiel est parfois comptabilisé comme stabilisateur automatique et non comme mesure discrétionnaire).