Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Le maintien en vie trop longtemps d’entreprises matures non viables peut être source d’une mauvaise allocation des ressources. Une étude de France Stratégie examine la probabilité des entreprises "²zombies" de faire faillite en France, ainsi que les facteurs qui déterminent leur survie, leur regain, ou leur défaillance. Si l’environnement institutionnel et financier évite la "zombification" de l’économie française, les dispositifs de prévention pourraient être renforcés pour les entreprises industrielles notamment, plus exposées au risque de défaillance et à la concurrence internationale.
Une entreprise de plus de dix ans, en difficulté au point de ne pas générer suffisamment de revenus pour au moins rembourser les charges de sa dette peut être qualifiée de "zombie". Au-delà de trois années consécutives, la persistance d’une telle situation peut empêcher une réallocation efficace des ressources vers les entreprises les plus productives.
Dans une note, France Stratégie étudie dans quelle mesure la "zombification" d’une entreprise influence sa probabilité de faire défaillance, ainsi que le cycle de vie de des entreprises zombies pour identifier les facteurs qui déterminent leur transition vers la défaillance, la viabilité ou le maintien dans ce statut de zombie.
Le processus de sélection du marché semble gagner en efficacité en France, évitant une "zombification" de l’économie
Les entreprises sortent de plus en plus rapidement de leur statut de zombie, soit vers la défaillance, soit vers la pérennité. Ainsi, sur la période 2009-2019, dans les secteurs de l’industrie manufacturière et des services, 40% des entreprises devenues "zombies" pour la première fois en 2010 sont redevenues viables après trois ans, 30% ont fait faillite. Les chiffres s’améliorent pour la cohorte 2015 puisque 55% des entreprises sont redevenues pérennes après 3 ans et 21% sont entrées dans des procédures collectives de redressement ou de liquidation judiciaires.
Le statut de zombie accroit la probabilité de défaillance des entreprises matures de 22%. Les entreprises industrielles sont plus à risque.
Les chances de survie sont meilleures dans le secteur des services que dans le secteur manufacturier. Les autres facteurs de retour à la viabilité sont par ordre décroissant: l’appartenance à un groupe, les performances productives, la concentration des marchés et les barrières à la sortie (mesurées par les immobilisations corporelles et incorporelles). A l’inverse, le fait d’être une PME (par rapport aux TPE) – l’effet est non significatif pour les ETI et les grandes entreprises – ainsi que l’endettement sont des facteurs qui favorisent l’évolution vers une défaillance.
L’environnement économique et règlementaire français (droit des faillites, institutions financières, etc.) semble ainsi défavoriser le "maintien sous perfusion" des entreprises matures en difficulté. Mais les dispositifs de prévention gagneraient aussi à être renforcés, notamment pour les entreprises manufacturières, davantage exposées à la concurrence internationale soulignent les auteurs.
Synthèse par la Doc de Rexecode, lien vers le document ci-dessous.
Les entreprises zombies en France : entre survie et défaillance
Haithem Ben Hassinne, Claude Mathieu
France Stratégie, Document de travail N°2023-02, 17 juillet 2023
Voir aussi :
Défaillances et sauvegardes des entreprises en France - 2ème trimestre 2023
ALTARES – juillet 2023
Dans son analyse trimestrielle des défaillances d'entreprises et des procédures de sauvegarde en France, Altares constate qu’avec 13 266 défaillances d’entreprises au 2ème trimestre 2023, la France enregistre son plus lourd « bilan de 2e trimestre » depuis 2016, bien au-delà des niveaux de défauts d’avant crise. Les défauts de PME et d’ETI sont au plus haut depuis plus de dix ans.
Rexecode dans les médias
Enquête Trésorerie, Investissement et Croissance des PME
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