Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Si la crise du Covid-19 a un impact massif sur l'emploi dans toute la France, tous les territoires ne sont pas exposées de la même manière du fait de leur spécialisation économique, selon France Stratégie. Les écarts entre les zones d'emploi dépendent surtout du poids de l’industrie, du commerce et de l’hébergement-restauration. Des secteurs qui seront déterminants pour le rebond de l’activité sur l’ensemble de l’année 2020.
Du fait de leur spécialisation économique, toutes les zones d’emploi ne sont pas exposées de la même manière aux conséquences économiques de la crise sanitaire due au Covid-19. Comme le montrent trois économistes de France Stratégie, certains territoires ont été affectés plus fortement que d’autres par le confinement.
Les auteurs identifient les territoires les plus touchés en utilisant des données par secteur d’activité produites par l’Insee, la Dares, Pôle emploi et France Stratégie pour calculer trois indices d’exposition des emplois (hausse du chômage, risque de perte d’emploi lié à la crise, perte d’activité) au sein des différentes zones d’emploi, pour la période du confinement, puis pour les premiers mois de déconfinement (mai-juin).
La hausse du taux de chômage est élevée sur l’ensemble du territoire entre avril 2019 et avril 2020. France Stratégie souligne que les zones d’emploi ayant connu les plus fortes hausses ne sont pas systématiquement celles qui connaissent structurellement un fort taux de chômage. Le confinement a eu en effet un impact de court terme "particulièrement sensible pour les zones à forts niveaux de saisonniers, d’intérim et de CDD".
Les écarts entre territoires s'expliquent d’abord par le poids de l’industrie et de l’économie présentielle (liés à une demande de proximité, notamment le commerce, l’hébergement et la restauration). Ces secteurs, fortement affectés par la crise sanitaire, représentent un nombre important d’emplois et sont concentrés dans un nombre limité de zones d’emploi. Par exemple, l’industrie automobile a fortement pénalisé les territoires où elle est concentrée, notamment le Grand-Est et la Bourgogne-Franche-Comté.
Les zones les plus vulnérables sont les zones littorales, montagnardes et fortement industrielles. Certaines grandes métropoles ainsi que le sillon rhodanien sont également fortement exposés. Sur une diagonale allant du Luxembourg à l’Espagne, les territoires semblent moins affectés, du fait d'une forte présence de l’emploi public qui les protègent davantage de la baisse d’activité due au confinement.
Le rebond des zones d’emploi dépendra de leur type de spécialisation. Le secteur agro-alimentaire jouera un rôle marginal, estime France Stratégie. Le secteur de la construction pèsera un peu plus. Mais l’essentiel de la reprise dépendra des secteurs industriels, des services productifs (liés à une demande nationale ou internationale) et surtout des services présentiels. Ainsi dans une centaine de zones d’emploi, principalement situées dans la moitié Nord du pays, la reprise économique dépendra à plus de 20% du rebond de l’industrie (plus de 35% dans une vingtaine de zones). Le rebond des services présentiels (dont le tourisme) sera déterminant pour les zones d’emploi de la Bretagne, l’Occitanie, PACA et la Nouvelle-Aquitaine, les zones littorales du Sud, ainsi que dans les agglomérations les plus peuplées du pays.
Vulnérabilité économique des zones d’emploi face à la crise
France Stratégie - Coline BOUVART, Clément DHERBECOURT, Boris LE HIR, juin 2020