Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Selon l'Insee, le mouvement des gilets jaunes pourrait coûter à la France 0,1 point de croissance au quatrième trimestre 2018. En dépit des mesures de soutien du pouvoir d'achat annoncées, la hausse du déficit public au-delà du seuil des 3% serait limitée (BNP Paribas, Crédit Agricole). Pour éviter le dérapage budgétaire, Natixis envisage de mettre les entreprises à contribution.
• Selon l’INSEE, estimer l’impact économique du mouvement des gilets jaunes est un exercice "difficile et incertain" (à la date de finalisation de sa Note de conjoncture le 13 décembre). Il aura un impact probable sur la consommation, notamment de services, à cause d'un effet de report généralement moindre sur ces dépenses. On peut également attendre un effet négatif sur les activités liées au tourisme. L’Insee souligne que la confiance des ménages a nettement baissé en novembre 2018 selon les enquêtes de conjoncture. Enfin le ralentissement de l'activité lié à ce mouvement social pourrait peser sur l'emploi.
Au total, l'Insee estime que le mouvement des gilets jaunes ferait perdre 0,1 point à la croissance du PIB au quatrième trimestre 2018, les secteurs d’activité principalement touchés étant le commerce, l'hébergement, la restauration, les transports. Une estimation soumise à de nombreux aléas, dont la durée du mouvement.
Impact macroéconomique du mouvement des gilets jaunes : une estimation difficile à ce stade
INSEE, Note de conjoncture de l’INSEE, décembre 2018
• BNP-Paribas estime que l’impact du mouvement des Gilets jaunes sur la croissance en France au quatrième trimestre 2018 devrait être significatif mais temporaire. La dynamique de croissance pour le début de 2019 s'annonce bien moins forte que prévu jusqu’à présent, mais elle bénéficiera des mesures de soutien annoncées*, ainsi que des réformes déjà introduites dans le PLF. Le déficit budgétaire devrait de nouveau franchir la barre des 3% en 2019, mais ce dérapage serait transitoire et limité grâce à des mesures de compensation.
France : coup de frein à la croissance, sérieux mais temporaire
BNP-Paribas, Eco-Flash, Hélène BAUDCHON, décembre 2018
• Selon le Crédit Agricole, la crise des "gilets jaunes" affectera la croissance au quatrième trimestre 2018, révisée de 0,4% à 0,2% par la Banque de France. Les deux séries de mesures de soutien aux ménages annoncées, totalisant 10 milliards d'euros, devraient permettre un gain de pouvoir d'achat supplémentaire de 0,7% en 2019. Les auteurs estiment que la consommation sera plus soutenue, et que le PIB progressera un peu plus fortement que prévu, 1,8% en 2019. Le déficit public devrait cependant se dégrader et dépasser le seuil de 3% du PIB.
France : Crise des gilets jaunes, quelles conséquences économiques ?
Crédit Agricole - Olivier ELUERE, Ludovic MARTIN - Perspectives N°254, décembre 2018
• Selon Natixis le coût des mesures annoncées pour faire face à la contestation des "gilets jaunes", en incluant les mesures annoncées depuis le 14 novembre 2018, devrait dépasser 10 Mrds€. Le financement de ces mesures reste flou. Pour éviter le dérapage budgétaire, Natixis envisage deux options :
- Invoquer des dépenses exceptionnelles ponctuelles liées à la transformation du CICE en baisse pérenne de charges afin de faire accepter exceptionnellement en 2019 un dépassement temporaire du seuil de 3% du déficit public.
- Mettre les entreprises à contribution, par la réintroduction d’une surtaxe exceptionnelle d’impôt sur les bénéfices comme en 2017, et le report de plusieurs mesures favorables aux entreprises, dont la transformation du CICE en baisse pérenne de charges (coût annuel estimé par Natixis à 20 Mrds€), la baisse du taux d’impôt sur les sociétés (2,4 Mrds€), la baisse des 4 points de charges sociales au niveau du SMIC prévue en octobre 2019.
France : la ligne rouge du gouvernement mise à mal par les gilets jaunes
Natixis, Véronique JANOD, Special Report, décembre 2018
* revalorisation de la prime d’activité, exonération des charges et impôts sur les heures supplémentaires en 2019, annulation en 2019 de la hausse de 1,7 point de la CSG pour les retraités ayant un revenu mensuel inférieur à 2000 euros pour une personne seule, possibilité pour les entreprises de verser une prime de fin d’année exonérée de charges et impôts.
A noter :
Selon la Banque de France, en moyenne le pouvoir d’achat par habitant continuerait son redressement amorcé depuis 2014. Le pouvoir d’achat par habitant a stagné en France de 2007 à 2015. Puis il a progressé de 1,4% en 2016 et 1,0% en 2017, soit une hausse cumulée de 3,7% sur les années 2014 à 2017, nettement plus importante que dans l’ensemble de la zone euro. Malgré des réserves méthodologiques sur le calcul du pouvoir d'achat du revenu disponible brut, la Banque de France estime que cette progression devrait se poursuivre en 2018 (1,0%) et 2019 (1,3%), soutenue principalement par les revenus d’activité. Les mesures annoncées depuis le 28 novembre, non prises en compte dans cette prévision, "amplifieraient encore ce soutien".
Encadré 1 : L’évolution du pouvoir d’achat en France
Banque de France, Projections macroéconomiques France, décembre 2018
Lettre de Rexecode
Lettre de Rexecode
Rexecode dans les médias