Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Le FMI a publié ses deux rapports phares sur l'économie et la finance mondiales. Le World Economic Outlook révise à la baisse les perspectives de croissance économique mondiale, en particulier en Europe, en raison de la guerre en Ukraine et de ses effets directs et indirects sur l'activité, les approvisionnements, l'inflation et la confiance. Le Global Financial Stability Report souligne l'impact délétère du conflit sur les risques financiers.
• Le FMI a présenté son rapport semestriel sur la conjoncture et les perspectives économique mondiales et ses prévisions pour les grandes régions et pays du monde. Les économistes du FMI estiment à leur tour que les effets directs et indirects de la guerre en Ukraine vont peser sur la reprise et s'exercer sur des économies déjà fragilisées par la crise sanitaire.
Le FMI revoit sa prévision de croissance économique mondiale en baisse de -0,8 point de pourcentage en 2022 et de -0,2 point en 2023 par rapport aux prévisions de janvier dernier, à 3,6% en 2022 et 2023. Au-delà, elle fléchirait à environ 3,3% à moyen terme.
Ces prévisions qui "présentent un degré d’incertitude exceptionnellement élevé" supposent que le conflit ne s'étende pas au-delà du territoire ukrainien et qu'un embargo sur les énergies russes ne soit pas adopté à court terme (la stratégie européenne de sortie de sa dépendance à la Russie étant par contre intégrée au scénario central). L'autre risque est un ralentissement plus marqué en Chine en raison des confinements sanitaires.
L'économie ukrainienne se contracterait d'environ -35% et celle de la Russie de -8,5% en 2022 puis -2,3% 2023, tirant l'Europe émergente vers le bas (-2,9% en 2022, +1,3% en 2023). Pour la zone euro la croissance de 2022 est révisée à la baisse à 2,8% (-1,1 point), surtout en Allemagne (-1,7 point, 2,1%) et en Italie (-1,5 point, 2,3%) en raison du poids de leur industrie et de leur dépendance aux énergies russes. La croissance britannique est revue en baisse de -1 point (3,7%), celle de la France de -0,6 point (2,9%).
Les projections d'inflation sont revues en hausse à 5,7% dans les pays avancés et 8,7% dans les pays émergents (+1,8 et +2,8 respectivement). Le conflit accentue les dilemmes de la politique économique en sortie de crise, entre lutte contre l'inflation, nécessaire restauration des comptes publics, soutien à la reprise et aux ménages. Le rapport fournit des recommandations selon les cas. Il insiste également sur la nécessité des actions multilatérales et les risques d'une fragmentation de l'économie mondiale.
Synthèse par la Documentation de Rexecode, accès au document ci-dessous
World Economic Outlook: War Sets Back the Global Recovery
FMI, 19 avril 2022
Blog en français: La guerre entrave la reprise de l’économie mondiale
• Le rapport semestriel du FMI sur la Stabilité financière mondiale, examine plus en détail les conséquences de la guerre en Ukraine sur le système financier.
La poussée de l'inflation et la nécessité de la contenir met particulièrement en difficulté les économies émergentes et leur financement, alors qu'elles ont déjà été fragilisées par la Covid. "Il faudra parvenir à un dosage subtil entre mettre fin aux politiques accommodantes et éviter un resserrement désordonné des conditions financières, qui pourrait se conjuguer aux vulnérabilités financières et peser sur la croissance économique." Les politiques monétaires devront être lisibles pour limiter les risques d'instabilité sur les marchés.
Parmi les risques spécifiques, si les banques européennes semblent peu exposées au risque russe à titre direct, leurs expositions indirectes sont plus difficiles à estimer. "Le risque est que l’exposition indirecte soit significative et qu’elle surprenne les investisseurs une fois révélée, et provoque alors une forte augmentation du risque de contrepartie et des primes de risques." L'instabilité sur les marchés des matières premières peut également déstabiliser certaines banques spécialisées.
Global Financial Stability Report
FMI, 19 avril 2022
Blog en français : la guerre met à rude épreuve la résilience du système financier