Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
I4CE propose un plan de relance permettant de déclencher 21 Mrds€ d’investissements annuels supplémentaires favorables à la transition bas-carbone dans le bâtiment, les transports et la production d’énergie, dont 9 Mrds€ de financement public. Le véritable enjeu étant d’augmenter cet effort à long terme dans un contexte de finances publiques contraintes après la crise sanitaire du Covid-19.
De nombreuses filières économiques indispensables à la transition bas-carbone ont été fortement pénalisées par la crise du Covid-19. Or, selon une étude d’I4CE, l’investissement était déjà insuffisant auparavant dans ces filières : 46 Mrds€ ont été investis en 2018 par les pouvoirs publics, les entreprises et les ménages, alors qu’il en aurait fallu 15 à 18 de plus par an selon leur estimation pour "se mettre sur la voie de la neutralité carbone", (objectif défini dans la Loi énergie-climat de 2019, la Stratégie nationale bas-carbone et la Programmation pluriannuelle de l’énergie de 2020). Et même 25 Mrds supplémentaires pour atteindre l’objectif d’un parc de logements "basse consommation" en 2050.
D’ici la fin de la décennie, l’effort d’investissement dans les filières bas-carbone devra encore s’accroître. Il s’élèvera à 70 Mrds€ par an pour la période 2024-2028, et augmentera sans doute encore au-delà de 2030. I4CE estime qu’au-delà de 2024, la contribution annuelle des pouvoirs publics aux investissements climat devrait atteindre 37 Mrds€, soit 22 de plus qu'en 2016-2018.
I4CE propose un plan de relance permettant de déclencher 21 Mds€ d’investissements annuels supplémentaires d’ici à 2023 dans treize secteurs clés pour la transition bas carbone dans le bâtiment, les transports et la production d’énergie. Les pouvoirs publics investiraient 9 Mrds€ supplémentaires par rapport au niveau de 2018 : un montant "modeste", financé par l’Etat (6,4 Mrds), les collectivités territoriales (1,6 Mrd) ou les banques publiques (2,3 Mrds). Les acteurs privés apporteraient un cofinancement supplémentaire estimé à 14 Mrds€ annuels. Au total, les investissements favorables au climat passeraient de 32,5 Mrds en 2018 à 53,8 Mrds€ par an à court terme (2020-2023) puis à 88,6 Mrds à moyen terme (2024-2028).
Outre le financement, d’autres mesures seront nécessaires selon I4CE, comme l’accompagnement technique des ménages ou des PME dans leur projet de rénovation, la formation des artisans, voire l’interdiction de la vente des véhicules les plus polluants, ou encore l’affichage lors de l’achat du coût annuel réel des voitures.
Les bénéfices économiques et environnementaux potentiels de ces mesures, selon l’I4CE, justifient l’effort budgétaire consenti : contribution à la relance de l’économie, hausse des recettes fiscales générées par la reprise de l’activité, réduction du chômage (création de 300.000 à 500.000 emplois selon la Stratégie nationale bas-carbone), réduction du déficit de la balance commerciale, moindre pollution de l’air, réduction des émissions de gaz à effet de serre, etc.
Relance : comment financer l’action climat
I4CE - Hadrien HAINAUT, Maxime LEDEZ, Benoît LEGUET, Quentin PERRIER, Patrice GEOFFRON, 3 juillet 2020
I4CE (Institute for climate economics) est une association d’intérêt général, à but non lucratif, fondée par la Caisse des Dépôts et l’Agence Française de Développement.
Voir aussi sur ce sujet :
Climate change and the macro economy
Banque Centrale Européenne - Occasional Papers Series N°243, juin 2020
Le papier examine les conséquences macroéconomiques potentielles du changement climatique et des politiques visant à y remédier, en se concentrant sur les canaux potentiels par lesquels le changement climatique et les réponses politiques et technologiques au changement climatique pourraient avoir un impact sur l'économie réelle.
The EU Green Deal post Covid-19
Prometeia - Discussion Note N°13, juillet 2020
La note présente une évaluation des progrès du Green Deal européen et évalue l'augmentation des coûts énergétiques qui sera nécessaire pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de l'UE.