Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Selon les estimations de la Banque de France, le vieillissement de la population dans les économies avancées expliquerait en grande partie la baisse des taux d’intérêt réels, ainsi que la hausse des prix des logements et de l’endettement des ménages observées depuis les années 1980. Ces tendances devraient se poursuivre à long terme.
La population des pays avancés vieillit rapidement. Le taux de dépendance des personnes âgées y atteindrait 55% à l’horizon 2100 selon les Nations Unies. À l’aide d’un modèle calibré à générations imbriquées, la Banque de France évalue pour 23 économies avancées l’impact des évolutions démographiques sur les taux d’intérêt réels, les prix des logements et l’endettement des ménages :
- "Plus de la moitié de la baisse du taux d'intérêt naturel observée depuis les années 80 peut être expliquée par le vieillissement de la population". Cette tendance à la baisse des taux d’intérêt devrait se poursuivre au-delà de 2030. Selon les calculs de la Banque de France, le taux d’intérêt annuel a baissé de 157 points de base (pb) entre 1980 et 2015 et une diminution supplémentaire de 76 pb est à prévoir d’ici à 2100.
Pour deux raisons principales : d’une part les ménages anticipent un allongement de leur durée de vie et de la durée de leur retraite. D’autre part, avec la diminution de la natalité et l’accroissement de la longévité, les personnées âgées représentent une part croissante de la population. Ces deux évolutions entraînent une hausse du niveau de l’épargne agrégée rapportée au PIB. "Pour que le marché des capitaux reste équilibré malgré cette augmentation de l’offre de capitaux, le taux d’intérêt diminue".
- Hausse du prix des logements. Plus les taux d'intérêt sont bas, plus le coût d'acquisition d'un logement baisse. Cela entraîne une hausse de la demande de logement et contribue donc à l'augmentation des prix.
- Conséquence de cette tendance, le taux d'endettement des ménages augmente également. En effet, les jeunes ménages doivent emprunter davantage pour acquérir des logements plus chers. Ils y sont en outre incités par la baisse du taux d’intérêt.
- Le vieillissement explique 20% des variations d’un pays à l’autre concernant leur position extérieure nette rapportée au PIB. Il a en effet des implications sur les flux de capitaux, variables selon le rythme de vieillissement. La position extérieure nette des pays qui vieillissent relativement lentement, comme les États-Unis ou l’Australie, augmentera. A l’inverse, l’Allemagne, qui vieillit plus vite que la moyenne des pays avancés étudiés, verrait sa position extérieure reculer.
Les impacts macroéconomiques du vieillissement de la population
Banque de France, Noëmie LISACK, Rana SAJEDI, Gregory THWAITES, Bulletin de la Banque de France N°223-2, juin 2019
Voir également :
World Population Prospects 2019
Nations Unies, juin 2019
La population mondiale vieillit, le groupe des 65 ans et plus croissant le plus rapidement.
Selon la dernière révision des projections de l'ONU, d'ici 2050, une personne sur six dans le monde aura plus de 65 ans (16%), contre une sur onze en 2019 (9%). Ce serait une personne sur quatre en Europe et Amérique du Nord. Conséquence : la baisse de la proportion de la population en âge de travailler exercera une forte pression sur le financement des systèmes de protection sociale. Le ratio de soutien potentiel, qui compare le nombre de personnes en âge de travailler à celles de plus de 65 ans, diminue dans le monde entier. D'ici 2050, 48 pays, principalement d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Asie de l'Est et du Sud-Est, devraient avoir des ratios de soutien potentiels inférieurs à 2.