Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Comment doper la croissance européenne alors que les marges monétaire et budgétaire sont très étroites ? Jean-Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie examine les leviers alternatifs que sont la réforme et l'investissement. Dans ses dernières Perspectives, l'Ocde estime que le renforcement de l’investissement est indispensable pour consolider la reprise.
La croissance économique européenne s'est à nouveau affaiblie en 2014. Or, selon le commissaire général de France Stratégie, la marge de relance par les politiques monétaire et budgétaire est trop étroite pour contrer efficacement le risque de récession. Si la nécessité de réformes structurelles (marché du travail, concurrence, réglementation des marchés) ne fait pas de doute, "les réformes à elles seules ne suffiront pas" et il importe de les accompagner par une initiative européenne sur l’investissement, qui permet d’agir en même temps sur l’offre et la demande.
Trois leviers sont mobilisables :
• L’investissement public dans les pays qui disposent de marges de manœuvre, même s'il "n'est pas la panacée que l'on espère parfois".
• L’action réglementaire et fiscale pour inciter les entreprises à investir dans des équipements nouveaux, en particulier dans le domaine de l’énergie.
• La participation des gouvernements et de l’UE au financement des projets risqués mais à haut rendement potentiel. Le plan d’investissement européen de 300 Mds d’euros de dépenses en capital sur trois ans annoncé par Jean-Claude Juncker sera présenté le 26 novembre et débattu au Conseil de l’Europe les 18 et 19 décembre.
Quelles politiques structurelles mener dans un contexte d’insuffisance de la demande ? par Jean Pisani-Ferry, à paraître dans Problèmes économiques spécial Journées de l’économie, novembre 2014
Selon les dernières Perspectives de l’Ocde, "un renforcement durable de l’investissement est indispensable pour dynamiser la reprise économique".
L’organisation souligne que les économies avancées ont subi depuis le début de la crise un ralentissement inhabituellement marqué de l’investissement qui explique en grande partie la faiblesse de la reprise. Le niveau actuel de l’investissement est "largement insuffisant, non seulement par rapport aux niveaux antérieurs mais aussi par rapport aux niveaux d’équilibre futurs estimés pour de nombreux pays".
L’Ocde salue le redressement récent de l’investissement (plus rapide que celui du PIB) dans plusieurs pays de l’OCDE, dont les États-Unis et le Royaume-Uni. En revanche, elle estime que "la faiblesse de l’investissement devrait perdurer dans la plus grande partie de la zone euro, sous l’effet d’une demande en demi-teinte, de l’évolution moins favorable des bilans des entreprises, de l’affaiblissement des canaux du crédit et d’obstacles à la concurrence sur les marchés de produits".
Perspectives économiques de l’OCDE, version préliminaire, novembre 2014
Voir également :
• Présentation du projet européen de plan d'investissement (Commission Junker)
• Trois secteurs cibles pour une stratégie européenne d’investissement - France Stratégie, Lionel Janin et Pierre Douillard, Note d’analyse N°18, 25 novembre 2014
• Pour une Europe de l’investissement - Rapport au Premier ministre, Pierre Moscovici, 29 octobre 2014 (publié en novembre)
• Contribution pour une stratégie européenne d'investissement : 40 propositions pour un plan d'action, Confrontation Europe, novembre 2014