Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Selon l’Ocde, les conditions de financement particulièrement favorables offrent une occasion propice pour engager des dépenses publiques ciblées qui permettraient aux économies avancées de sortir du piège de la croissance molle.
Dans ses perspectives économiques, l’OCDE examine quelles sont les marges de manœuvre en matière de dépense publique dans les pays de l'Ocde et dans quelle mesure leur accroissement permettrait d'augmenter le rythme de croissance à court et à moyen terme. Il s’appuie sur des simulations effectuées à l'aide des trois modèles NiGEM, Fiscal Maquette (FM model), Fall & Fournier model (F&F).
Dans un contexte de taux d’intérêt exceptionnellement bas et de croissance potentielle faible, l'Ocde estime qu'une hausse annuelle ciblée des dépenses publiques à hauteur de 0,5% du PIB pourrait être financée par le déficit pendant plusieurs années dans la plupart des pays sans accroître la dette publique à moyen terme. Elle permettrait d'augmenter le PIB de 0,4 à 0,6% la première année dans les grandes économies avancées, à l'exception du Japon où les multiplicateurs budgétaires sont plus incertains. A plus long terme, le gain de PIB supplémentaire pourrait atteindre 2% en moyenne.
Cette initiative verrait son impact amplifié si elle était menée collectivement dans les pays de l'Ocde, et si elle était couplée à des réformes structurelles permettant d'élargir "l'espace budgétaire" (la différence entre la dette courante et les limites soutenables de l'endettement). Les investissements publics devront néanmoins être "judicieusement ciblés" sur des secteurs favorisant la croissance, c’est-à-dire dans les infrastructures de grande qualité, l’innovation, ou l’éducation et la formation.
Pour la France, l’Ocde recommande de continuer à réduire la dépense publique. Très élevé, le poids des dépenses publiques et des prélèvements obligatoires freine en effet la croissance.
Les efforts devront être concentrés sur les inefficacités de l’administration (millefeuille territorial) et le poids des dépenses sociales, en particulier des retraites. Par contre, l'Ocde recommande de relancer l’investissement public en infrastructures, en ciblant davantage les quartiers défavorisés. Selon ses simulations, une dépense supplémentaire de 0,5% du PIB permettrait un gain de croissance au bout d'un an de 0,30 et 0,43%, et à plus long terme de 0,45 et 2%. Avec des réformes structurelles, le gain de PIB serait d’environ 1% au bout d'un an.
Using the fiscal levers to escape the low-growth trap
Perspectives économiques de l’OCDE, N.100, novembre 2016
Voir aussi les documents de travail :
A re-assessment of fiscal space in Oecd countries
OECD Economic department working paper, N.76/2016 (1352), nov 2016
Can an increase in public investment sustainably lift economic growth?
OECD Economic department working paper, N.75/2016 (1351), nov 2016