Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Les marchés obligataires sont devenus une source de financement de plus en plus importante pour les entreprises depuis la crise de 2008. L’OCDE se penche sur les risques liés à cette montée de l’endettement des entreprises, qui serait notamment susceptible d’amplifier un ralentissement de la croissance économique.
Les sociétés non financières ont accru de manière spectaculaire leurs emprunts obligataires depuis la crise. Selon l’OCDE, l'encours total de la dette sous forme d'obligations de sociétés atteignait 13.000 milliards de $ fin 2018, soit en termes réels, deux fois plus qu'en 2008. Entre 2008 et 2018, les émissions mondiales d'obligations de sociétés ont représenté en moyenne 1700 Mrds$ par an, alors que leur niveau annuel moyen avait été de 864 Mrds$ au cours des années précédant la crise.
Les entreprises des économies avancées ont vu leur volume d'emprunts obligataires augmenter de 70%. Le marché des obligations de sociétés des économies émergentes, dont le principal moteur est la croissance chinoise, a atteint quant à lui un encours total de 2.780 Mrds$ en 2018 (+395%). Dans les 3 prochaines années, particulièrement dans les pays émergents, les entreprises devront faire face à des remboursements très élevés (environ 4000 Mrds$).
L’OCDE examine les sources de risques et de vulnérabilités associées à ce développement rapide du marché de la dette des entreprises, en s’appuyant sur près de 85.000 émissions d’obligations émises par des sociétés non financières dans 114 pays entre 2000 et 2018. Elle souligne que les risques qui caractérisent le marché de la dette des entreprises ont beaucoup évolué depuis la crise. Elle met en garde sur :
• les craintes sur la croissance :
En cas de ralentissement économique, les sociétés lourdement endettées auraient du mal à honorer leurs échéances, provoquant une baisse des investissements et une hausse des défaillances d’entreprises, ce qui pourrait aggraver les effets du retournement conjoncturel.
• la dégradation de la qualité des obligations
L'OCDE montre que la part des obligations de catégorie investissement de la qualité la plus faible est à son plus haut historique (54%), tandis que les droits des détenteurs d'obligations ont nettement diminué, ce qui pourrait amplifier les effets négatifs d'éventuelles tensions sur les marchés.
En France, le marché obligataire a progressé jusqu'à atteindre le même niveau que le Royaume-Uni, à un peu plus de 20% du marché européen. La part du marché allemand est resté stable, sous les 10%.
Corporate Bond Markets in a Time of Unconventional Monetary Policy
OCDE Capital Market Series, février 2019
Voir aussi :
Assessing Global Debt
Crédit Suisse Research Institute, édition 2019, février 2019
Depuis la crise financière, la dette mondiale a atteint un nouveau record historique. Le Credit Suisse Research Institute examine en détail les principales tendances liées à l’endettement international et tente d'en évaluer les risques.
L’instabilité "systémique" semble désormais moins inquiétante, grâce au recul de l’endettement du secteur bancaire mondial. Les risques de crise semblent assez modérés : les pressions du marché imposent dans une certaine mesure une discipline à long terme, tandis que les faibles taux d'intérêt réels renforcent la viabilité de la dette. Cependant, des chocs politiques ou économiques importants émanant de l'extérieur des marchés de la dette pourraient entraîner une recrudescence du risque.