Les marchés de la dette souveraine et des obligations d’entreprise atteignent en 2023 une valeur proche du PIB mondial, après une envolée depuis 2008 qu’ont favorisé des taux d’intérêt historiquement bas. Mais le retour de l’inflation a bouleversé ces marchés alors qu’émergent de nouveaux besoins de financement, faisant peser des risques sur la stabilité financière.

Dans sa première édition du "Rapport sur les dettes mondiales", l’OCDE évalue le volume total de la dette souveraine et de la dette obligataire des entreprises dans le monde, et examine les risques liés au retrait des banques centrales de ce marché obligataire, et aux besoins de refinancement à court terme.

Les emprunts sur le marché de la dette souveraine et des obligations d’entreprise ont fortement augmenté au niveau mondial depuis 2008

Les émissions obligataires, favorisées par les politiques monétaires expansionnistes menées depuis la crise financière de 2008, ont atteint des niveaux record pendant la pandémie de Covid-19. Fin 2023, le volume total de la dette souveraine et de la dette obligataire des entreprises avoisinait 100.000 Md$, soit une valeur comparable à celle du PIB mondial.

Cette croissance rapide s’est interrompue, voire inversée, sur certains segments des marchés obligataires à partir de 2022

En réponse aux niveaux élevés d’inflation, la politique monétaire s’est fortement resserrée . Ce durcissement considérable des conditions financières a entraîné, en particulier, une contraction des émissions de d’obligations d’entreprise. Les émissions d’obligations souveraines des pays de l’OCDE, elles, ont reculé d’environ 16% en 2022 par rapport à 2021, mais sont restées nettement supérieures à leurs niveaux d’avant la pandémie.

Les banques centrales qui avaient acheté d’importants volumes de dette souveraine ont commencé à se retirer des marchés obligataires

La dette détenue par les banques centres est actuellement équivalente à 30% du PIB dans les pays de la zone OCDE. A mesure qu’elles procèderont à un resserrement quantitatif, l’offre nette d’obligations souveraines "à absorber par le marché au sens large atteindra des niveaux records". En conséquence, une part croissante des obligations sera détenue par des investisseurs plus sensibles aux prix (secteur financier non bancaire, ménages) et les conditions financières se durciront sur les marchés des obligations d’entreprises.

Des volumes considérables de dette devront être refinancés d'ici 2026 à un coût plus élevé

Les conditions de financement favorables qui ont prévalu entre 2008 et 2022 ont permis à de nombreux États et entreprises d’emprunter à bas coût. Toutefois, environ 40% des obligations souveraines et 37% des obligations d’entreprises dans le monde arriveront à échéance d’ici 2026, ce qui nécessitera de nouveaux emprunts sur les marchés à des conditions beaucoup moins favorable si des taux d’intérêt plus élevés persistent pendant une grande partie de cette période. Le refinancement de la dette à taux fixe entraînerait une augmentation des paiements d'intérêts de 0,5% du PIB dans la zone OCDE d’ici 2026.

Les principaux risques, selon l’OCDE, se concentrent actuellement sur certains segments du marché

Les risques concernent surtout certaines économies avancées dont la dette publique est élevée, et des pays à faible revenu confrontés à des dégradations de crédit et affichant des écarts de rendement très élevés. Dans cinq pays de l'OCDE, les instruments à taux fixes dont la valeur dépasse 20% du PIB arriveront à échéance d'ici 2026 : Japon (52%), Italie (33%), États-Unis (27%), Espagne (27%) et France (20%).

Du côté des entreprises, l’OCDE s’inquiète de la dégradation de la qualité de crédit des entreprises (doublement entre 2000 et 2023 des émissions de titres notées BBB, la note la plus basse), et souligne une situation particulièrement tendue dans le secteur immobilier, avec un endettement global qui a plus que triplé depuis 2005.

Synthèse par la Doc de Rexecode, accès au document ci-dessous.

Global Debt Report 2024 – Bond markets in a high-debt environment
OCDE, 7 mars 2024

Dernière minute :

Rapport public annuel 2024 - L’action publique en faveur de l’adaptation au changement climatique
Cour des comptes, 12 mars 2024

Après un chapitre introductif présentant la situation d’ensemble des finances publiques à fin février 2024, ce rapport public annuel de la Cour des comptes est consacré aux politiques publiques face au changement climatique. Il dresse un panorama des moyens mis en place dans différents secteurs, en commençant par une présentation de l’évolution en cours du climat en France et dans le monde, et de l’insuffisance des efforts déployés pour limiter le phénomène.