Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Selon l’Ofce, l’introduction de l’euro aurait conduit les entreprises industrielles françaises à réduire leurs marges de manière significative pour d'une part, faire face à une concurrence accrue sur les marchés de la zone euro et d'autre part, contrer les effets de l'appréciation de l'euro sur leurs exportations mondiales.
Un document de travail de l'Ofce analyse les effets de l’introduction de l’euro sur les marges des entreprises industrielles françaises. Grâce à une méthodologie récente se basant à la fois sur les données de recensement des entreprises et des douanes entre 1955 et 2007, les auteurs estiment que les marges ont été réduites de près de 14% en raison de l’introduction de l’euro en 2002.
L’introduction de l’euro a eu deux effets opposés
• D’une part, en réduisant les coûts de transaction pour les entreprises exportant au sein de la zone, l'euro leur a donné l’opportunité d’améliorer leurs marges prix-coût par rapport aux autres entreprises.
• D’autre part, en raison d'une concurrence plus forte, toutes les entreprises ont réduit leurs marges de manière significative. Selon les auteurs, la généralisation de l’euro en 2002 a eu un impact plus prononcé sur les marges des entreprises que la mise en œuvre en 1999 du taux de change fixe entre les pays de la zone euro.
L'appréciation de l'euro a eu des effets variables selon le profil des entreprises à l'export
L'appréciation du taux de change nominal de l'euro a représenté un choc concurrentiel négatif pour les produits français qui a amené les entreprises à comprimer leurs marges. Ce choc a cependant été asymétrique :
• A partir de 2002, les entreprises tournées vers les marchés mondiaux sont celles dont les marges ont le plus souffert. Etant également celles qui exportent le plus dans la zone euro, elles ont été aussi les plus exposés au choc concurrentiel associé à la généralisation de l'euro.
• Les exportateurs exclusivement tournés vers les marchés hors zone euro n'ont certes pas subi ce choc concurrentiel de 2002 mais ils n’ont pas réduit davantage leurs marges que les non-exportateurs. Les auteurs pensent que leur capacité à ajuster leur marge pour réagir à l'appréciation de l'euro était trop étroite, forçant certains à quitter le marché extra-européen.
Markup Heterogeneity, Export Status and theEstablishment of the Euro, Sarah Guillou et Lionel Nesta, Working paper Ofce, janvier 2015, N.1