Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
En 2021, la pandémie de COVID-19 a encore dominé l’économie mondiale, empêchant un redressement complet et équilibré des marchés du travail dans l’ensemble des régions du monde, en particulier dans les pays émergents et en développement. La crise laisse un déficit de 52 millions d’emplois à temps plein. Elle aura aussi des conséquences de long terme. La crise a notamment accentué la tendance à la polarisation des emplois et le développement de l’économie à la tâche.
Dans son rapport annuel sur les tendances de l’emploi, le Bureau International du Travail (BIT) revoit fortement à la baisse ses prévisions pour l'emploi dans le monde par rapport à juin 2021.
• En 2022, le nombre total d’heures travaillées dans le monde restera près de 2% sous son niveau d’avant Covid (une fois corrigé de la croissance démographique), soit un déficit de 52 millions d’emplois à plein temps (sur la base d’une semaine de travail de 48h). En 2021, ce déficit était estimé à 125 millions d'emplois.
• Le chômage toucherait 207 millions de personnes dans le monde, soit environ 21 millions de plus qu'en 2019. Le taux d'activité se redresserait à 59,3%, soit 1 point au-dessous du niveau de 2019.
A l'image de l'asymétrie des effets de la crise sur l'activité, le redressement du marché du travail est plus rapide dans les pays avancés que dans les pays émergents et en développement. Dans toutes les régions, jusqu’en 2023 une reprise complète du marché du travail restera difficile à atteindre. L’Europe et le Pacifique devraient être les plus proches de cet objectif, tandis que les pays à revenu intermédiaire inférieur comme l’Amérique latine, les Caraïbes et l’Asie du Sud-Est, ont les perspectives les plus négatives.
Le BIT souligne que des évolutions observées durant ces deux années de pandémie pourraient perdurer ou devenir structurelles.
1- La hausse de la pauvreté et des inégalités pourrait persister voire s’aggraver :
Si l'inflation devait rester forte, il y aurait "un risque que des mesures d'austérité prématurées soient mise en œuvre et donc le risque d'une crise prolongée de l'emploi". Les fermetures des établissements scolaires et de formation pendant de longues périodes dans de nombreux pays auront des répercussions en cascade, à long terme sur la formation et l’emploi des jeunes. Les conséquences disproportionnées de la crise sur l’emploi des femmes pourraient aussi être durables. Enfin, l’aggravation des inégalités pourrait peser sur la consommation des ménages et ce faisant sur la croissance.
2- La pandémie de Covid a accéléré certaines tendances liées notamment à la numérisation de l’économie.
Les mesures de distanciation ont accentué le recours au numérique et avec lui la fracture numérique, au sein des pays et entre eux, ainsi que la polarisation des salaires et des conditions de travail. En particulier, de nombreux travailleurs ont été contraints de passer à de nouveaux types d’emplois (l’économie à la tâche, notamment via les plateformes), en raison de la baisse d’activité prolongée dans le secteur des voyages, du tourisme et des loisirs. Dans de nombreux pays en développement et émergents, l’économie à la tâche, qui représente déjà près de 50% de l’emploi, pourrait encore augmenter.
Synthèse réalisée par le service Documentation de Rexecode. Cliquez sur le lien ci-dessous pour accéder au document.
World employment and social outlook - Trends 2022
Organisation Internationale du Travail, 17 janvier 2022
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