Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
L’OFCE estime que les défaillances d’entreprises pourraient croître de 80% en 2020 du fait de la crise liée au Covid-19 en France, entraînant la suppression de 250.000 emplois. Il défend un dispositif de soutien des fonds propres des entreprises.
L’OFCE étudie la fragilisation du tissu productif français du fait de la récession induite par la pandémie de Covid-19. L’impact de la crise du Covid-19 est évalué en se concentrant sur les défaillances d'entreprises (en cessation de paiement) et les problèmes de liquidité et de solvabilité qu’elles rencontrent, à partir d'un échantillon d'un million d'entreprises françaises (données FARE* 2017).
Selon l’Ofce le tissu productif français serait lourdement affecté par cette crise, avec des niveaux de défaillances inédits, et des effets variables selon les secteurs, la taille des entreprises et les régions. Les défaillances d'entreprises augmenteraient de 1,4% en 2020, passant de 1,8% dans un monde sans crise à 3,2%, soit une hausse de presque 80%. Sans le dispositif de l'activité partielle, la part d'entreprises défaillantes aurait même atteint 4,4% en 2020.
L’Ofce estime aussi que, par rapport à un scénario de croissance régulière, les problèmes de liquidités des entreprises seraient multipliés par plus de 2,5 (passant de 3,8% à plus de 10%), et que les actifs liquides des entreprises (réserves de trésorerie, dépôts, instruments du marché monétaire) chuteraient de 23%. Le nombre d'emplois détruits par les faillites potentielles au 1er janvier 2021 s’élèverait à environ 250.000, que le choc soit transitoire ou persistant, en dépit de l'efficacité du dispositif d'activité partielle.
L’Ofce souligne qu’en situation de crise, même des entreprises productives et économiquement viables peuvent être exposées au risque de faillite. Pour éviter des faillites importantes, l’Ofce propose un mécanisme de contribution aux fonds propres des entreprises insolvables, indépendamment de leur viabilité (difficile à identifier). Cela concernerait environ 31.000 entreprises, pour un coût budgétaire de l'ordre de 8 milliards d'euros.
Dynamique des défaillances d'entreprises en France et crise de la Covid-19
OFCE, Mattia GUERINI, Lionel NESTA, Xavier RAGOT et Stefano SCHIAVO - Policy Brief N°73, 19 juin 2020
Les slides de la présentation
*Le fichier FARE est la base de données en ligne mis à disposition sur le CASD (Centre d’accès sécurisé aux données) de la base ESANE (Elaboration des statistiques annuelles d’entreprises) de l’Insee.
Voir aussi les publications récentes de Coface :
Défaillances d’entreprises en Europe : les amendements des procédures juridiques repoussent temporairement l’échéance
Coface, Bruno De Moura Fernandes, 16 juin 2020
La baisse des revenus des entreprises provoquée par la crise du Covid-19 a dégradé leur trésorerie et favorisé l’augmentation des situations de cessation de paiement. Pour préserver le tissu économique et la capacité de rebond de leur économie une fois la pandémie sous contrôle, la grande majorité des gouvernements européens ont mis en place des mesures visant à soutenir la trésorerie des entreprises, mais aussi assoupli temporairement le cadre légal des procédures de défaillance.
Ces mesures, temporaires, ne permettront toutefois pas d’empêcher une forte montée des défaillances, qui devraient augmenter fortement partout en Europe au second semestre 2020 et en 2021. L’Allemagne, avec une hausse du nombre de faillites de 12% entre fin 2019 et fin 2021, serait moins affectée que la France (+21%) et l’Espagne (+22%). Les plus fortes progressions du nombre de défaillances seraient enregistrées aux Pays-Bas (+36%), au Royaume-Uni et en Italie (+37%).
Baromètre Risques pays et sectoriels - 2ème trimestre 2020 - D’un choc massif à une reprise différenciée
Coface, 8 juin 2020
Coface prévoit une augmentation d'un tiers des défaillances d’entreprises dans le monde d’ici 2021 par rapport à 2019. Toutes les principales économies avancées seront touchées : États-Unis (+43%), Royaume-Uni, (+37%), Japon (+24%), France (+21%), Allemagne (+12%). De nombreuses économies émergentes (+44% au Brésil, +50% en Turquie) seront également affectées. Cette sinistralité en forte hausse implique une montée du risque de crédit des entreprises à court terme qui se traduit par 71 déclassements d’évaluations pays, soit un peu plus de 40% des économies couvertes par Coface dans le monde. Même chose du côté des 13 secteurs d’activité évalués dans 28 pays représentant 88 % du PIB mondial : environ 40% sont déclassés, les plus pénalisés étant les transports, l’automobile et la distribution.
Dernière minute :
Are corporate balance sheets in Spain and Italy ready for the COVID-19 shock?
Coface, Marcos Carias, Focus, 23 juin 2020